Du CAP menuiserie aux Césars, Rod Paradot a eu un parcours peu commun. Même si, en apparence, rien ne l'y prédestinait, le jeune homme originaire de Seine-Saint-Denis a été sacré meilleur espoir masculin pour sa prestation remarquable dans La Tête Haute, d'Emmuelle Bercot.
Dans ce film, il campe Malony, un jeune garçon auto-destructeur qui s'est construit sans amour et dans la violence. Un personnage, qui n'a rien à voir avec l'acteur, en réalité. Dans une interview à l'AFP, la réalisatrice qui lui a donné sa chance le décrit comme "doux, calme, poli, réservé et séducteur". On est bien loin de Malony. "Il a fallu s'accrocher pour l'amener vers son personnage", reconnaît d'ailleurs Emmanuelle Bercot qui l'a fait travailler pendant deux mois avec un coach. Et au final, le résultat est bluffant, criant de vérité.
Pour le jeune acteur - il est né en 1996 - toute cette histoire a des airs de conte de fée. S'il en est arrivé là, c'est un peu par hasard, grâce à un casting "sauvage" effectué à la sortie de son lycée technique. En pause cigarette, il croise le chemin d'Elsa Pharaon, la directrice de casting. Une rencontre qui va changer la vie du gamin de Stains.
En quelques semaines, Rod Paradot enchaîne les castings pour le rôle de Malony et se retrouve finalement sur le plateau, entouré de Benoît Magimel, qui incarne un éducateur, et de Catherine Deneuve, qui joue une juge pour enfant. Son tout premier rôle lui permet de côtoyer le gratin du cinéma français et même de vivre une montée des marches cannoises. En 2015, le film est en effet sélectionné pour faire l'ouverture du festival.
Rod Paradot peut remercier Malony. Cet enfant à problèmes lui a permis de se lancer brillamment dans un monde qui lui était inconnu jusqu'alors. Grâce à ce rôle, il décroche le prix Premier Rendez-vous au festival de Cabourg en 2015, puis le prix des Lumières 2016 dans la catégorie révélation masculine. Et puis, bien sûr, ce César du meilleur espoir masculin reçu, avec beaucoup d'émotion, lors de la 68e édition de la cérémonie.
Aujourd’hui, Rod Paradot a laissé derrière lui sa formation technique et compte bien poursuivre sa vie sur grand écran. Fini les cours de menuiserie, il s'est mis au théâtre et devrait très prochainement dévoiler ses nouveaux talents aux cinéphiles. On le retrouvera effectivement à l’affiche des Campeurs de Laurent Barthélémy, cette année, et dans Welcome Home, d'Antoine Délélis, prévu aussi courant 2016.
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