Faut-il interdire le voile à l'université ? Le débat refait surface, bien malgré le gouvernement. En déplacement à Strasbourg, mardi, sur le thème de la place de l'islam en France, le Premier ministre Manuel Valls a soigneusement pris soin d'éviter la question. C'était sans compter sur la secrétaire d'État aux Droits des femmes, qui s'en est chargée la veille. Invitée du Talk du Figaro lundi 2 mars, Pascale Boistard s'est déclarée "contre" le port du voile à l'université et en faveur d'une réflexion sur la question.
"Je n'y suis pas favorable, même si ce n'est pas une obligation", a-t-elle répondu à Yves Thréard. "Vous êtes contre ?". "Oui", a-t-elle fini par répondre au journaliste qui insistait. "L'université peut faire partie de ces espaces publics où...", a-t-elle poursuivi, sans terminer sa phrase. Avant de refuser, visiblement gênée aux entournures, de prendre position sur la mise en oeuvre d'une éventuelle interdiction, précisant que "c'est aux présidents d'université de dialoguer avec les étudiantes".
La prise de position de Pascale Boistard fait directement écho à une proposition récente de l'UMP. Il y a deux semaines, la secrétaire nationale aux valeurs de la République du parti, Lydia Guirous, s'est dite favorable à une telle interdiction, estimant que la laïcité ne doit pas "s'arrêter aux portes de l'université". Elle propose que la loi de 2004 interdisant les signes ostentatoires d'appartenance religieuse dans le secondaire soit étendue à l'enseignement supérieur. Le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti a déjà déposé une proposition de loi en ce sens. Adoptée par le bureau politique de l'UMP, elle n'aurait cependant pas encore reçu l'aval de Nicolas Sarkozy.
En s'avançant ainsi sur un sujet qui ne semble pas à l'ordre du jour de Matignon, la secrétaire d'État aux Droits des femmes s'est aventurée sur un terrain glissant, qui divise son camp. Elle s'oppose directement à la position de la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, qui a réaffirmé à plusieurs reprises qu'il n'était pas question de remettre en cause le port du voile à l'université. En 2013, elle jugeait qu'il "ne posait pas de problèmes" et rappelait "qu'aucune université n'avait saisi le ministère". En octobre dernier, elle demandait encore "qu'on n'invente pas de problème là où il n'y en a pas".
Reste à voir si cette sortie va pousser le gouvernement à repenser sa position sur la question. En 2013, alors ministre de l'Intérieur, Manuel Valls expliquait que "des situations mériteraient d'avoir plus de cohérence". "Dans les universités, c'est possible. Dans les IUT, c'est interdit", notait-il, jugeant même les propositions du Haut conseil à l'intégration "dignes d'intérêts". En juillet 2010, lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le député-maire d'Évry faisait même partie des 18 élus de gauche qui avaient voté le projet de loi de l'UMP interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public, qui ne concernait pas les universités.
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