Derrière les tirs qui ont perturbé la visite de Manuel Valls, début février, à Marseille, les enquêteurs ont reconstitué un "affrontement" évité de justesse. Une dizaine d'individus cagoulés et habillés en noir, dont certains venus des Balkans d'un côté. Autant en treillis de l'autre. Tous lourdement armés et prêts à en découdre pour l'un des plans stup' les plus rémunérateurs de Marseille.
9h13, ce 9 février: un appel d'un riverain signale "un groupe d'une dizaine d'individus, cagoulés, porteurs d'armes longues et vêtus de treillis militaire au pied de la tour K" de la cité de la Castellane, "le lieu le plus rentable de Marseille" pour le trafic de stupéfiants, racontent vendredi le procureur Brice Robin et plusieurs responsables policiers, lors d'une conférence de presse.
Quelques minutes plus tard, le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) et plusieurs policiers entrent en véhicules dans la cité "par deux directions différentes". Les fonctionnaires passés par l'un des côtés tombent nez à nez avec "5 ou 6 individus armés de kalachnikov, cagoulés, vêtus de noirs qui les braquent, et qui font feu à plusieurs reprises dans leur direction."
Trois fonctionnaires doivent "s'éjecter de leur véhicule et se plaquer au sol pour se protéger", détaille le procureur, pendant que les policiers entrés par l'autre accès, également pris pour cible, se cachent "dans un renfoncement d'immeuble". Peu après les événements, le Raid investit massivement la cité.
Pris au piège dans le quartier, l'équipe vêtue de noir investit alors un appartement, de force - selon les témoignages des locataires, cités par les enquêteurs -, y abandonne ses tenues noires et son matériel, pour s'évanouir dans la nature, en tenue civile.
Rapidement, les policiers découvrent l'appartement, une voiture, avec les armes, des gilets par balles, des centaines de cartouches de 7.62 -calibre typique de la kalachnikov- avec de nombreuses traces d'ADN, d'empreintes digitales et de résidus de tirs.
Fort des relevés de la police scientifique, de leur connaissance du quartier et de la "lutte de clans" qui s'y déroulent depuis un précédant démantèlement du "plan stup'", la PJ remonte la piste de l'équipe "en noir". Les deux commanditaires présumés, interpellés le 1er mars en région parisienne, sont en fait les tenants d'un autre point de vente, non loin de là, dit "de la Jougarelle".
Selon les enquêteurs, ils avaient lancé "une sorte d'OPA" pour conquérir le "plan stup' de la tour K" et, pour "faire le nombre", ils ont recrutés en Allemagne" des Kosovars, dans un camp de réfugiés politiques. Ce recrutement de "commandos" à l'étranger, même si ces hommes n'ont pas le profil de mercenaires, "est une première" à Marseille, croit savoir Fabrice Gardon, numéro 2 de la PJ marseillaise. Tout comme la présence, dans cette équipe, d'une jeune femme de 18 ans seulement.
Les hommes de la tour K, arborant treillis et armes de guerre, étaient visiblement prêts à les accueillir. Selon un témoignage, ces derniers auraient même tiré en l'air. "La police a mis fin à cet avant-combat -- si j'ose dire -- éventuel, donc il n'a pas eu lieu", a souligné Brice Robin.
Les tirs contre des policiers avait perturbé le déplacement du Premier ministre, venu féliciter les forces de l'ordre pour leur progrès sur la sécurité.
Mais l'investigation qui a suivi, mobilisant une centaine d'enquêteurs, a abouti, en un peu moins d'un mois, à l'arrestation de "8 individus directement concernés par cette affaire", dont plusieurs Kosovars. Trois sont encore en garde à vue. Les autres, dont les deux individus arrêtés en région parisienne et perçus comme les commanditaires de l'opération de reconquête par les enquêteurs, ont été écroués.
Pourquoi ces Kosovars, se sachant recherchés, sont-ils restés à Marseille ? "Il n'ont vraisemblablement pas été payés", disent les enquêteurs. Pour ce qui est de l'autre équipe, celle en treillis, l'enquête se poursuit.
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