C'est une question restée longtemps sans véritable nom. L'addiction sexuelle, mise au jour dans un film comme Shame, avec Michael Fassbender, est aujourd'hui reconnue comme une véritable maladie, au même titre que l'alcoolisme et les addictions aux drogues. Vécue avec honte, elle enferme ceux qui en souffrent dans un cercle vicieux, fait de relations sexuelles successives, d'une recherche constante de nouveaux partenaires et d'un manque jamais comblé. Elle toucherait 5% de la population sexuellement active.
Dans un documentaire inédit, réalisé par Florence Sandis et Alexis Marant, diffusé mardi 15 septembre et disponible en replay pendant une semaine, France 5 aborde cette question frontalement, grâce aux témoignages poignants de cinq personnes, quatre hommes et une femme, hétérosexuels ou homosexuels. Tous racontent cet enfermement, cette perte de soi. "Je ne me souviens pas du tout des visages, des expressions. Je suis incapable de dire avec combien de personnes j'ai fait l'amour et je crois que ça me fait peur de le savoir", raconte Élodie, une femme brune d'une trentaine d'année. Son visage est caché, les plans se concentrent sur son dos, ses mains. Elle est entourée de mannequins nus, ceux des vitrines de magasins, qui figurent les partenaires sans visages des addicts du sexe.
D'autres témoins, comme Samuel, font face à la caméra. Ce bel homme de 36 ans aux yeux bleus parle de son addiction comme d'un processus de déshumanisation. Un procédé dont la puissance est décuplée avec Internet et l'offre presque infinie de nouvelles rencontres permise par les sites spécialisés. Pour lui "ça pouvait être plusieurs fois par jour, par nuit. Un rapport sexuel se terminait et il fallait que je trouve un autre partenaire, même si j'avais pris un pied monstrueux, il en fallait un autre car ça pouvait toujours être encore mieux."
"Ce n’est ni de la séduction ni de la perversion. On passe de l’hypersexualité à l’addiction lorsqu’on ne cherche plus le plaisir dans le rapport sexuel mais qu'on est dans un besoin, quand on perd le contrôle de sa sexualité, et qu’on est obligé d’y revenir en permanence", explique Jean-Benoît Dumonteix, psychanalyste spécialiste de l’addiction sexuelle, interrogé dans le documentaire.
Marc, 46 ans, est porno-dépendant. Il a pu passer une journée à regarder du porno sur Internet, sans boire ni manger. "Quand j’ai envie, c’est parce que je me sens pas bien, je peux passer une journée complète à ne faire que ça. Peu importe si j’ai des rendez-vous, des choses à faire, plus rien n’a d’importance sauf ça", raconte-t-il. Samir, 34 ans, est trader. "Un milieu où les femmes sont aussi choisies sur le physique" et où les tentations sont, pour lui, permanentes. Chaque matin, sur le seul trajet qui sépare son appartement de son travail, il croise "20 femmes" pour lesquelles il éprouve un désir violent.
Avec son témoignage, et celui de Max, devenu acteur et réalisateur de films pornographiques, le documentaire frise le lourdingue. Les images d'illustration montrant des femmes en talons, en collants et en jupe sont plus que maladroites. Elles donnent l'impression que c'est ce qui provoque l'addiction sexuelle, allant à l'encontre du propos du documentaire. Quand la caméra suit Max à un cours de tango, le malaise est total. On le voit multiplier les allusions sexuelles, toucher des femmes sans leur autorisation et essayer de regarder sous la jupe de l'une d'elles.
Malgré cette lourdeur, le documentaire tente d'interroger l'origine de cette addiction. "Les causes profondes sont multiples, explique Jean-Benoît Dumonteix, le psychanalyste. "Elles partent en général d’un traumatisme autour de la sexualité, par forcément un viol : une ambiance sexualisée très tôt dans l'enfance mais aussi un manquement, un parent défaillant ou lui-même addict, au sexe ou à autre chose."
Au final, l'authenticité des témoignages l'emporte. Celui de Samuel, qui raconte avoir vécu l'enfer, est particulièrement marquant. Après une tentative de suicide et une dépendance à la cocaïne, il a quitté Paris et son appartement du jour au lendemain pour rejoindre sa sœur et sa nièce à La Réunion. Marc a, lui, passé plusieurs années à tenter de briser cette dépendance à la pornographie. Grâce à l'aide de sa compagne Betty, de médicaments, d'une psychothérapie et de ses proches, il va mieux.
Pour tous, la guérison passe par une réappropriation de son corps, et une réhumanisation du rapport à la sexualité. "Mon plus grand fantasme, aujourd'hui, c'est de faire l'amour, d'apprendre à le faire, avec quelqu'un que j'aime", explique Élodie. Betty, la compagne de Marc, raconte avoir "détruit, massacré et remonté" leur relation amoureuse pour recommencer à zéro. "On a récupéré notre vie, se félicite la jeune femme, des sanglots dans la voix. Il est hors de question qu’on se la fasse voler à nouveau. On est dans l’urgence de vivre et d’être heureux, on a décidé de se marier."
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