Racisme dans le football : "Une violence inquiétante", dit Alexandra Szacka

C'est assez ironique de voir la patrie du hooliganisme, l'Angleterre, réagir avec tant d'indignation à cet incident raciste. Bien sûr, les fans de Chelsea ont donné un spectacle affligeant, mais ce genre de scènes est malheureusement monnaie courante à travers le monde en marge des matches de foot.

Tous promettent maintenant des actions musclées : le parquet de Paris, le Premier ministre anglais David Cameron, et le club de Chelsea, qui a déjà identifié et exclu trois de ses supporters. En marge de l'Euro 2012 une enquête de la BBC révélait que le football est gangrené par un racisme décomplexé et déferlant. Cris de singe, banderoles insultantes... Chelsea a d'ailleurs été condamné 19 fois lors des dix dernières années pour des chants racistes à l'intérieur de les stades.

La haine de l'autre ne connaît pas de frontière de classe

Le fait qu'aucun témoin de la scène n'ait pris la défense du passager agressé est plus que troublant. Cette indifférence face à la violence rappelle les heures les plus sombres.

Depuis un certain temps, les alliances entre hooligans et mouvements nationalistes ont une allure vraiment menaçante. En octobre un groupe d'un nouveau genre "hooligans contre salafistes" a fait 44 blessés du côté de la police lors d'une manifestation en Allemagne. Les supporters de foot ne se battent plus entre eux. Ils ont trouvé l'ennemi commun, l'autre, l'étranger, le musulman, le voisin, le juif. Un cocktail molotov sous-estimé par les autorités allemandes.

Les supporters de Chelsea venaient plutôt de milieux aisés. Comme quoi la haine de l'autre ces jours-ci ne connaît pas de frontière de classe. Il faudrait que notre indignation aussi, ignore les frontières.