Francis Heaulme n'était pas au centre de son procès, ce mardi 1er avril. Accusé du double meurtre de Cyril et Alexandre, le tueur en série s'est fait voler la vedette par Henri Leclaire. Un ancien suspect, blanchi par l'enquête en 2013 mais à nouveau mis en cause après deux témoignages de dernière minute.
Près de 28 ans après les faits, son témoignage à la barre n'a fait qu'épaissir le mystère au cours d'une matinée d'audience d'une rare intensité et qui devrait conduire à sa mise en examen.
Les débats étaient passionnels à la cour d'assises de Moselle. Comme si le double meurtre de Montigny-les-Metz avait eu lieu hier. À la barre, Henri Leclaire. Petit, trapu, engoncé dans un costume gris un peu vieillot, l'homme s'exprime laborieusement. Voire pas du tout. Comme si l'ancien manutentionnaire était subitement frappé d'amnésie. Il n'a rien vu, rien entendu.
Le président de la cour le cuisine pendant plus de trois heures. Il lui lance des regards noirs, s'énerve, le tance presque. Mais Henri Leclaire est incapable de dire autre chose que "Je n'y étais pas". Excédé, le magistrat fait sortir Francis Heaulme de son box, sous bonne escorte. La scène est incroyable.
Le "routard du crime" jure alors avoir croisé le chemin d'Henri Leclaire ce 28 septembre 1986. Il l'aurait aperçu en train de descendre le talus en courant, les vêtements et les mains pleines de sang. "Il m'a dit qu'il venait de faire une connerie", se souvient Heaulme. Henri Leclaire assure à la cour que c'est faux, qu'il ne connaissait pas Francis Heaulme, qu'il ment, forcément.
Puis c'est au tour d'un témoin de dernière minute de venir à la barre. Marie-Christine Blindauer, la femme venue alerter les juges le week-end dernier sur les aveux d'Henri Leclaire. L'homme lui aurait raconté avoir attrapé les deux garçons, fou de rage de les voir jouer et jeter des papiers dans les rues de Montigny-les-Metz. Un récit saisissant. Leclaire reconnaît du bout des lèvres mais jure qu'il n'a pas tué les deux enfants.
La cour doit désormais écouter dans l'après-midi le témoignage d'un ancien conducteur de train qui se souvient avoir vu un homme ensanglanté, qui ressemblerait à 90% à Henri Leclaire, courir le long des voies ferrées au moment du double meurtre. Au terme de cette deuxième journée du procès, la cour pourrait décider son renvoi, un nouveau rebondissement dans cette affaire hors-norme qui a déjà valu à un autre suspect, Patrick Dils, deux condamnations et 15 ans de prison avant qu'il soit acquitté en 2002.
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