Harcèlement scolaire : des syndicats demandent le retrait d'un clip officiel jugé "hors sujet et méprisant"
Le clip "montre une enseignante pédagogiquement caricaturale, hurlant et ignorant ses élèves", déplore les syndicats de professeurs.
Dans un clip, coproduit par la journaliste Mélissa Theuriau et Walt Disney pour la journée nationale contre le harcèlement à l'école, un jeune écolier aux cheveux bouclés roux est la cible des quolibets de ses camarades. Il reçoit sans discontinuer une salve d'injures, de boulettes de papier et même une règle qui restent collées à son visage pendant que son enseignante ne semble rien voir de ce qui se trame dans sa salle de classe.
Une peinture du corps enseignant qui cause l'émoi auprès des professionnels de l’éducation. Plusieurs syndicats viennent de demander lundi 2 novembre, au ministère de retirer la vidéo officielle qui doit être diffusée à la télévision jeudi 5 novembre, considérant qu'il porte atteinte à l'image des enseignants. Le harcèlement "n'est pas la conséquence d'un dysfonctionnement des classes, d'un désintérêt des enseignants pour leurs élèves", écrit son blog hébergé par le site Médiapart Paul Devin, secrétaire général du syndicat d'inspecteurs SNPI-FSU, voyant dans le clip "un acte de mépris pour les enseignants et pour les élèves victimes". La vidéo est "hors sujet et méprisante" pour les enseignants, selon Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU. Il aurait mieux valu diffuser "les vidéos de qualité réalisées par les élèves eux-mêmes", estime le premier syndicat du primaire.
Une caricature des enseignants
Le clip "montre une enseignante pédagogiquement caricaturale, hurlant et ignorant ses élèves", déplore le Sgen-CFDT. Le Snalc critique "une mise en scène peu nuancée de ce grave problème très mal reçue par les personnels", tandis que la Société des agrégés dénonce "un clip donnant une vision odieusement caricaturée des professeurs". Le ministère souligne lui que le clip s'adresse aux écoliers "car c'est à cet âge que le harcèlement débute". "Dans la plupart des cas, les enfants n'en parlent pas aux adultes" et "les faits se déroulent lorsque ceux-ci ont le dos tourné".
Mélissa Theuriau, qui a réalisé la vidéo "gracieusement", l'a testée "auprès d'enfants et le message a été très bien compris : les victimes reconnaissent leur souffrance et les témoins ressentent de l'empathie et veulent aider leur camarade", ajoute le ministère. "Nous ne pouvons que regretter que certains enseignants puissent se sentir blessés. Un clip d'une minute ne peut pas résumer la complexité de ce phénomène, ni le rôle de chacun des acteurs." "Les professionnels de l'éducation jouent évidemment un rôle fondamental, tant dans la prévention que dans la prise en charge du harcèlement", ajoute la rue de Grenelle, rappelant qu'il a mis des outils à leur disposition (formations, protocoles de prise en charge, ressources pédagogiques sur le site www.nonauharcelement.education.gouv.fr).
