Harcèlement : "Il faut sensibiliser l'ensemble des personnels scolaires"
REPLAY - André Canvel, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, était l'invité de "RTL Midi" ce jeudi 29 octobre.
La ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem a dévoilé, ce jeudi 29 octobre, le plan du gouvernement pour lutter contre le harcèlement scolaire, dont un enfant sur dix serait victime.
Pour André Canvel, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, "ce plan est important par sa visibilité". Il salue notamment la mise en place d'un numéro court, le 30 20 : "On s'adresse avant tout aux enfants et ce numéro court est une chose relativement facile à retenir. Les enfants vont percuter", estime le délégué ministériel. "Tout le monde peut faire le 30 20 : enfants, parents, même les enseignants". Qui leur répondra ? "Une association qui travaille depuis de nombreuses années pour le ministère de l'Éducation nationale, qui est capable d'identifier si oui ou non il s'agit de harcèlement, explique André Canvel. Il y a un vrai travail d'évaluation, la difficulté est là".
Comment ce spécialiste définit-il le harcèlement scolaire ? "C'est l'accumulation de petits phénomènes quotidiens : une petite tape dans le dos, un nom d'oiseau répété toute la journée - on le retrouve très bien dans le clip" lancé par le ministère. "La plupart des harceleurs considèrent que c'est un jeu, estime André Canvel. Sauf que le jeu devient une compétition, avec un perdant et plusieurs gagnants".
Formation des personnels scolaires
Donner la possibilité à un enfant d'avoir au bout du fil une personne qu'il ne connaît pas, ça l'aide à exprimer ce qu'il ressent.
André Canvel, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire
Comment cela se passe-t-il quand un élève appelle le 30 20 ? "Il y a un premier temps de diagnostic, pour essayer d'objectiver la situation, de passer de l'émotion à l'objectivation, explique le responsable. Quand les faits sont avérés, on s'appuie sur le référent harcèlement de chaque académie, pour pouvoir se rapprocher des établissements scolaires, qui ont l'obligation d'apporter des éléments d'information pour instruire le dossier, précise André Canvel. L'établissement est mis au courant dans la journée", insiste-t-il.
Mais les enfants ont peur et honte de décrocher leur téléphone pour raconter. Avec le 30 20, "il va falloir lever le voile du silence. Donner la possibilité à un enfant d'avoir à l'autre bout du fil une personne qu'il ne connaît pas, ça aide, pour pouvoir exprimer ce qu'il ressent", assure André Canvel.
Par ailleurs, "il faut faire en sorte de sensibiliser l'ensemble des personnels, pas seulement les enseignants, mais tous les adultes. C'est une des mesures de la ministre : nous avons 1.500 formateurs dans les académies, précise le délégué ministériel. Ce qui est important, c'est la posture empathique : être capable, à n'importe quel moment, d'être dans l'observation de ce qui se passe. C'est aussi simple que ça, et en même temps extrêmement délicat, car notre système scolaire est d'abord basé sur l'instruction et l'acquisition de connaissances. Or là, on a un changement de centre".
