Grève dans les centrales nucléaires : un black-out est-il possible ?

ÉCLAIRAGE - En plein bras de fer avec le gouvernement, la CGT se tourne maintenant vers le nucléaire. Des assemblées générales se réunissent dans la plupart des sites de production.

La décision des britanniques était très attendue pour EDF

Crédit : FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Grève dans le nucléaire : un black-out serait-il possible ?

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Le bras de fer entre le gouvernement et la CGT continue. Le syndicat, qui est parvenu à organiser un véritable blocage des huit raffineries françaises s'attaque aujourd'hui aux centrales nucléaires. L'organisation syndicale dirige désormais son action, en direction d'EDF. Mais un scénario de black-out électrique est-il seulement possible ? "Les assemblées générales ont eu lieu pratiquement partout, et des actions vont avoir lieu dans le nucléaire, dans l'hydraulique et dans le thermique à flamme. Il y aura des piquets de grève jeudi 26 mai", rapporte Philippe Page Le Mérour, le délégué syndical central CGT d'EDF, dans le journal Les Echos.

C'est ce qu'ont l'intention de faire les salariés de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine après leur vote en date du 24 mai. Ces derniers veulent baisser la charge du deuxième réacteur encore en route. Le premier étant déjà à l'arrêt en raison d'une maintenance. Oliver Michard, un délégué syndical CGT du site nucléaire explique : "On propose aux agents de baisser la charge du réacteur, donc la production d'électricité, pour atteindre le minimum technique." Un arrêt total de la production est même envisagé : "Le blocage du 49.3 c'est zéro discussion c'est zéro discussion, donc nous sommes prêts à aller jusqu'à une production zéro."

Si cet arrêt du réacteur devrait s'accompagner d'une mobilisation syndicale devant la centrale, de lourdes conséquences sur notre production ne sont a priori pas au programme. Le réseau français est interconnecté et la centrale de Nogent-sur-Seine ne réalise que 5% de la production française. Les 56 autres réacteurs nucléaires du territoire seraient en mesure de compenser un éventuel arrêt du réacteur. Si le mouvement se propage en revanche, alors des problèmes d'approvisionnement pourraient se poser selon une part variable : les estimations varient entre 15 et 80%.

Un black-out total peu probable

Un black-out total demeure toutefois peu probable. Parmi l'ensemble des réacteurs nucléaires que compte le pays, certains sont "non manœuvrables", ce qui signifie qu'on ne peut réduire leur production. Cela concerne par exemple les réacteurs en fin d'utilisation de leur combustible, ou réalisant des essais, interdisant une réduction de la production. De plus, même si le mouvement est suivi dans certaines centrales, il est probable qu'une majorité des réacteurs resteront en fonction. Ils pourront donc compenser les baisses de production par des remontées en puissance de leurs réacteurs. À la marge, EDF conservera aussi la possibilité d'acheter de l'électricité à d'autres pays, comme l'Allemagne.

Peu de chance donc d'aboutir à un black-out électrique total, même si le conflit gagne EDF. L'éventualité de grève dans le secteur du nucléaire relève plus de l'effet d'annonce. Néanmoins, cela éloigne encore un peu plus une possible issue dans le conflit opposant la CGT au gouvernement. Ce dernier a annoncé à plusieurs reprises qu'il ne ferait pas marche arrière. Lors de son intervention ce mercredi 25 mai, devant l'Assemblée nationale, Manuel Valls a déploré : "Ceux qui veulent arrêter des centrales nucléaires jouent un jeu étrange, celui de vouloir faire peur aux Français."

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