La justice française s'est prononcée jeudi 9 janvier en faveur de l'extradition, en priorité vers la Russie, de l'opposant et oligarque kazakh Moukhtar Abliazov, soupçonné de malversations financières, après avoir validé également celle vers l'Ukraine.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a
suivi les réquisitions de l'avocate générale, Solange Legras, formulées
le 12 décembre lors de l'audience sur le fond. "C'est une honte pour la justice française", a réagi Madina
Abliazov, une des filles de l'oligarque, présente au tribunal. "Le
condamner à l'extradition, c'est le condamner à mort", a renchéri son
épouse Alma Chalabaïeva, qui avait elle-même été expulsée d'Italie vers
le Kazakhstan fin mai avant de pouvoir regagner Rome.
Comme ils l'avaient annoncé avant l'audience, les avocats de la
défense vont déposer un pourvoi en cassation dans les cinq jours. "La justice française ne s'honore pas d'une telle décision. Soit
elle a fait preuve d'une très grande naïveté à l'égard de la parole
d'Etats que le monde entier reconnaît comme corrompus, soit c'est le
signe d'une forte dépendance du pouvoir judiciaire à l'égard du pouvoir
politique et c'est extrêmement inquiétant pour un Etat démocratique", a
déclaré Me Bruno Rebstock.
Lors des débats en décembre, les avocats avaient dénoncé le
caractère uniquement politique de ces demandes d'extradition, bâties
selon eux "sur un chapelet d'allégations sans preuve", et s'étaient
dits convaincus que Russie et Ukraine se "donnaient la main" pour in
fine ré-extrader leur client vers le Kazakhstan où le pire
l'attendrait.
Moukhtar Abliazov avait été arrêté le 31 juillet par la police
française - hélicoptère à l'appui - dans une somptueuse villa de la
Côte d'Azur, à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes). Agé de 50 ans, ce physicien de formation ayant fait fortune dans les
années 1990 dans le négoce et l'immobilier notamment, était recherché
via un mandat d'arrêt international par son pays, par l'Ukraine et par
la Russie, en raison de malversations financières à grande échelle
auxquelles il se serait livré en tant que dirigeant et principal
actionnaire de la banque kazakh BTA entre 2005 et 2009.
Le préjudice se chiffrerait à 5 milliards de dollars sur le sol
russe, 400 millions en Ukraine, en particulier via des détournements de
fonds vers des comptes off-shore s'appuyant sur des prêts non garantis. C'est au moment de la nationalisation forcée de l'établissement par
le régime de fer du président Noursoultan Nazarbaïev, dont il est l'un
des principaux ennemis politiques après avoir été l'un de ses ministres
de l'Energie, que Abliazov trouve refuge en Angleterre où il
bénéficie du statut de réfugié politique.
La BTA lui intente à Londres une série de procès au civil. L'un
d'entre eux le condamne en février 2012 à 22 mois de prison pour
outrage à la cour, pour avoir dissimulé certains de ses actifs. C'est
le moment où il disparaît, évoquant des questions de sécurité, jusqu'à
sa spectaculaire interpellation fin juillet.
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