COP21 : 20.000 négociateurs autour de la table à Paris

COP21, ça veut dire quoi d'abord ? "COP", c'est pour "conference of parties" en anglais - les "parties" étant les États. C'est donc la conférence des pays qui ont adhéré à la "Convention de l’ONU sur le climat" adoptée à Rio. Le nombre "21" ne correspond pas au fait que nous sommes au XXIème siècle, mais parce qu'il s'agit de la 21ème session de cette conférence. C'est comme une série télévisé. C'est le vingt-et-unième épisode, et il y a eu plusieurs saisons (ce qui est assez logique quand on parle de climat).

Le lancement de la série, c'est à Rio en 1992 : en gros, le monde prend conscience du problème mais ne fait rien. La deuxième étape, c'est le protocole de Kyoto en 1997. On fixe des objectifs pour la réduction des émissions, mais avec un nombre limité de pays qui s'engagent. Troisième saison, avec l'électrochoc de 2009 : la conférence de Copenhague. La fracture Nord-Sud éclate. C'est l'échec spectaculaire. On se souvient encore de la négociatrice du Venezuela levant sa main en sang, à force d'avoir trop tapé sur la table. Des participants, des ONG mais aussi certains négociateurs ont éclaté en sanglots lors de l'échec, après des nuits des négociations.

Loin des négociations feutrées

Là, on est loin des négociations feutrées ! Ces conférences climat, c'est évidement de la diplomatie et un combat entre lobbyistes. Mais il y a une charge émotionnelle inhabituelle. Cela est dû au sujet (il s'agit de "l'avenir de l'humanité") mais aussi aux acteurs de la conférence (il y a 43.000 participants attendus à Paris). ONG, chefs d'entreprises, scientifiques et bien sûr les négociateurs des Etats.

"Nous représentons la diversité de la planète", nous explique Pierre Radanne, président de 4D. Il détient l'un des records : il a participé à 16 conférences climat en tant qu'expert.

Au Bourget, plusieurs dizaines de négociations vont en fait se dérouler en même temps

Rémi Sulmont

"Ce ne sont pas des diplomates qui négocient dans des boudoirs ou dans des salles closes. Cette assemblée est réellement représentative de l'humanité : les pauvres, les riches, les entreprises, les collectivités locales. Cela crée une pression pour aller à l'accord par-dessus les États", soutient Pierre Radanne. "Dans les dernières nuits de négociations, des représentants de ministres ou de chef d'État disent qu'ils ne céderont jamais et qui finalement cèdent".

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Pas moins de 20.000 personnes vont prendre part à la négociation en décembre. Il y aura plusieurs tables de négociation prévues au Bourget. La forêt, les océans, les transports, la gestion des déchets... : plusieurs dizaines de négociations vont en fait se dérouler en même temps. C'est pour être partout à la fois que les délégations sont nombreuses. Les Chinois, les États-Unis ou les Français seront plusieurs centaines. Même les petits États arriveront avec plusieurs dizaines d'experts.

Nuits blanches en vue

Cela va probablement se terminer par deux nuits blanches. Les chefs d'État ouvriront la conférence le lundi 30 novembre. C'est là qu'on fera la photo souvenir. Puis ils vont laisser leurs hauts-fonctionnaires négocier pendant dix jours. Deux jours avant la fin, les ministres viendront trancher. Les experts disent que toute cette stratégie - les présidents, puis les fonctionnaires puis les ministres -, c'est la meilleure configuration pour parvenir à un accord.

On verra cela le samedi 12 décembre. Au petit matin si tout le monde pleure, c'est qu'il faudra recommencer au Maroc dans un an lors de la COP22.