Comment les témoins de crimes et attentats sont protégés

Le parquet de Paris a porté plainte contre BFMTV et RMC jeudi 4 février pour mise en danger de la vie d'autrui en raison d'une interview effectuée lors des attentats de novembre. Celle de Sonia, la femme qui a mené la police vers la planque d'Abdelhamid Abaaoud. Une femme dont l'anonymat était jusqu'ici soigneusement préservé, qui était une amie de la cousine du terroriste. Elle se dit "abandonnée" par l'État. Le statut pour ceux qui collaborent avec la Justice reste en effet bien précaire.

En France, il existe un texte de loi pour protéger les mafieux repentis. On leur offre une protection policière, une nouvelle identité, presque une nouvelle vie. Mais pour un témoin, rien n'est prévu, aucun programme. C'est le règne de la débrouille.

Sonia devra se débrouiller seule

Les policiers ne manquent pas d'anecdotes sur le sujet, comme cette exfiltration en urgence d'une famille entière de commerçants qui avait témoigné contre des membres du grand banditisme. Ce sont les policiers eux mêmes qui s'étaient improvisés déménageurs, et qui avaient trouvé un nouveau logement pour mettre les témoins au vert.

Dans le cas de Sonia, le ministère de l'Intérieur a lui aussi dû travailler dans l'urgence et sans filet. Un nouveau logement a été proposé à la jeune femme, pour l'éloigner de son quartier, et une protection policière discrète a été mise en place.

Le but c'était qu'elle n’apparaisse pas, qu'on ne parle pas d'elle et que son nom soit uniquement dans le dossier selon un policier qui a participé au dispositif. Il juge aussi que la seule solution aurait été immédiatement de la faire témoigner sous X quand elle a dénoncé Abaoud. Ce n'est pas cette option qui a été choisie, et Sonia, qui a choisi elle-même de se mettre à la lumière, va devoir composer avec une dangereuse célébrité.