Comment les chiens guide changent-ils la vie des aveugles ?
REPORTAGE - Iffy, la chienne d'Anaïs, aveugle depuis 2012, l'accompagne partout. Grâce à elle, l'adolescente mène une vie quasi normale.
Elle s'appelle Anaïs, elle a 13 ans. Victime d'une méningite en 2012, elle a définitivement perdu la vue. Depuis un an et demi, Iffy, sa chienne, formée et éduquée, la guide et l’accompagne 24h sur 24. Anaïs, scolarisée au collège des Ormeaux à Rennes, mène une vie quasi normale. Il est 14 heures, c'est l'heure du cours de SVT. Anaïs est au premier rang. À ses pieds, couchée, Iffy, sa chienne. Au programme aujourd'hui : les séismes. "Anaïs a un document sur une clé USB qui lui permet de lire le texte sur son appareil en braille, et donc, elle va pouvoir travailler de façon autonome", explique le professeur.
Iffy, la chienne, n'a pas bougé d'un centimètre. Elle dort, elle ronfle même parfois jusqu'à la fin du cours. Personne n'a le droit de toucher Iffy, ni de la caresser. Quand elle guide Anaïs, une des plus jeunes maîtresses de chien guide en France, elle travaille. Il ne faut donc pas la déranger. Iffy est devenue la mascotte du Collège. Mais pour les élèves, elle est sans doute bien plus que cela.
Iffy, c'est comme si c'était mes yeux
Anaïs, jeune fille aveugle de 13 ans
"C'est vrai qu'ils ne se rendent pas compte de ce qu'ils sont en train de vivre, ça créé quelque-chose dans l'établissement", analyse Benjamin Lozé, professeur principal de la jeune fille après son cours de SVT. Anaïs reconnaît ses amis à la voix, surtout Anouk, qui le lui rend bien. "Pour moi, c'est comme une vraie personne. On ne voit pas du tout son handicap, vu comme elle est heureuse. C'est comme si elle était comme moi", confie la jeune fille.
17 heures : un taxi attend Anaïs pour la ramener chez elle, à 35 kilomètres. À la maison, Iffy a fini sa journée de travail. "Du coup, c'est le moment du jeu, on est hyper complices. Tout le monde nous compte comme une seule personne. Iffy, c'est comme si c'était mes yeux." Rien à voir avec la canne blanche. "Le chien ouvre une porte."
Iffy veille sur elle et la rend plus autonome, elle retrouve une vie d'une adolescente normale
Stéphanie, mère d'Anaïs
Guitare le vendredi, équitation le samedi, des heures chaque jour au téléphone avec ses copines, ses parents ont du mal à suivre. Stéphanie, la maman, reconnaît qu'Iffy a redonné confiance à Anaïs. "C'est la deuxième moitié d'Anaïs. Il n'y a pas l'une sans l'autre. Une complicité qui peut se rapprocher de jumeaux. Iffy veille sur elle et la rend plus autonome, elle retrouve une vie d'une adolescente normale." Bien sûr, les parents d’Anaïs doivent encore se battre contre l’administration, contre des magasins qui refusent Iffy, malgré la loi, mais la joie de vivre d’Anaïs leur fait soulever des montagnes.
