Air France va développer une nouvelle compagnie aérienne pour s'adapter aux "situations d'hyper concurrence" face aux compagnies du Golfe. Ce serait la quatrième du groupe, au côté d'Air France elle-même, de Transavia et de Hop! Ce nouveau pavillon français, filiale à 100% du groupe probablement, opérerait avec une dizaine d'avions d'ici 2020 sur des lignes aujourd'hui déficitaires, ou même des lignes qui ont été fermées récemment. Des lignes asiatiques en particulier, qui subissent la concurrence féroce des compagnies du Golfe dont les tarifs des billets sont parfois inférieurs de 20 à 30% à ceux d'Air France.
En quoi une nouvelle compagnie permettrait-elle au transporteur français de se redresser ? C'est aujourd'hui le seul moyen de contourner les règles sociales de l'entreprise et les grèves à répétition qui menacent l'existence de la compagnie nationale. En réalité, la direction tente de vider progressivement Air France de son activité au profit d'autres sociétés plus souples, et donc plus compétitives. C'est ce qu'on appelle une manœuvre de contournement.
Cette opération avait été largement entamée par l'ancienne direction au profit de Transavia sur les lignes européennes. Mais cela avait débouché sur un conflit très violent avec les pilotes. L'ex-direction avait dû en rabattre sur son projet beaucoup moins ambitieux qu'initialement.
La nouvelle compagnie n'utilisera pas le personnel d'Air France. Au moins pour ce qu'on appelle les PNC (le personnel navigant), qui seront recrutés à l'extérieur aux conditions du marché, bien moins favorables que celles d'Air France. En revanche, les pilotes seront sous contrat Air France : la direction n'a pas osé passer en force en provoquant ce petit groupe de salariés plutôt bien payés et plutôt bien protégés. Mais ils pourraient travailler davantage, certainement avec une contrepartie financière qui reste à négocier.
La direction tente de vider progressivement Air France de son activité au profit d'autres sociétés plus souples
François Lenglet
On a du mal à penser que les seuls efforts sur le personnel pourraient rendre à Air France sa compétitivité. pourtant c'est une partie de la vérité. Il y a d'abord les surcoûts liés aux salaires et aux horaires, qui sont quand même de 50% par rapport aux grandes compagnies low-cost européennes, lesquelles ont quand même conquis la moitié du marché sur le Vieux continent.
Mais il y a aussi le coût des grèves à répétition. Celle des pilotes a coûté plus de 300 millions d'euros à l'entreprise durant l'hiver 2014 ; celle de l'été dernier, près de 100 millions. La grève à Air France au moment des départs en vacances, c'est une tradition nationale à laquelle on est sûr de ne pas échapper. C'est comme Halloween aux États-Unis, mais c'est moins drôle quand même.
Ce plan a-t-il une chance de marcher ? Souhaitons-le. Il y a quand même un aveu dans ce plan : Air France elle-même est diablement difficile à réformer. Au moins dans les délais normaux, puisqu'il faut passer par la création de nouvelles entités pour reprendre pied sur un marché aérien complètement bouleversé.
Il y a quelque vingt ans, Claude Allègre avait choqué en déclarant, à propos de l'Éducation nationale, qu'il s'agissait d'un "mammouth". Quand on observe les tribulations pénibles d'Air France avec ses 4.000 pilotes, on se dit qu'il y a aussi des mammouths volants.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte