Valls décore un cardinal et défend la laïcité
Manuel Valls a décoré de la grand croix de la Légion d'honneur le cardinal Roger Etchegaray, le saluant comme "un grand français".
Manuel Valls, arrivé samedi 26 avril à Rome pour assister à la canonisation de Jean Paul II et Jean XXIII dimanche, a décoré le cardinal Roger Etchegaray de la grand croix de la Légion d'honneur. "C'est un grand Français, amoureux de la France, auquel la nation voulait rendre hommage", a déclaré Manuel Valls qui remettait cette distinction au nom de François Hollande.
Le cardinal basque, âgé de 91 ans, a été l'homme des missions difficiles de Jean Paul II, des Balkans à l'Irak, en passant par le Rwanda. "Le don permanent de soi, mais aussi la spontanéité, l'ouverture que vous avez toujours manifestés, forcent notre admiration", a chaleureusement déclaré Manuel Valls.
La laïcité "n'est pas la négation de la religion"
"La République est laïque, ce qui fait souvent l'objet d'incompréhensions encore très récentes" mais "cette laïcité, contrairement à ce que l'on croit, n'est pas la négation de la religion, c'est la séparation entre le spirituel et le temporel, l'indépendance des Etats par rapport aux Eglises et des Eglises par rapport aux Etats", a déclaré le Premier ministre français.
C'est la troisième fois que cette distinction est accordée à un homme d'Eglise français, après le cardinal de Lille Achille Liénart et l'abbé Pierre. Manuel Valls a qualifié le cardinal Etchegaray de "trait d'union" entre Jean XXIII et Jean Paul II dans une "période de transition" pour l'Eglise.
Il a ensuite lancé une boutade, affirmant que l'ancien Premier ministre François Fillon lui avait "conseillé" de "ne pas se risquer à trop parler de religion", car on "risque alors de trop parler de politique".
Un geste "républicain"
De son côté le cardinal Etchegaray a rendu un hommage vibrant à la mission de la France dans le monde et remercié Manuel Valls d'être venu pour les deux papes: "votre geste est républicain", a-t-il dit.
Mgr Etchegaray a estimé que "la France de Pascal ou de Voltaire devait beaucoup à ces deux papes" avant de brosser un tableau sombre de l'avenir des jeunes dans le monde contemporain. Pour eux, a-t-il dit, "tout est défi: l'incertitude, la précarité, et l'angoisse de qui se sent menacé, voire même agressé. Il y a un manque d'appétit pour s'ouvrir au futur, la peur d'habiter l'avenir".
