Taubira et "La Marseillaise" : l'Élysée et Matignon veulent minimiser la polémique

Il a suffi d'une Marseillaise non chantée pour que la droite agite à nouveau son épouvantail favori. Christiane Taubira n'a pas entonné l'hymne national samedi, lors de la commémoration de l'esclavage Place du Général-Catroux, dans le 17e arrondissement de Paris. 

La Garde des sceaux est demeurée droite et silencieuse quand la plupart des personnalités politiques présentes ont accompagné le chant guerrier.

L'UMP et le FN tirent à boulets rouges

Un élu UMP parisien présent sur place a immédiatement fait part de sa colère sur Twitter. Selon lui, la ministre de la Justice lui a répondu qu'elle n'avait pas bougé ses lèvres parce qu'elle ne connaît pas l'intégralité des paroles de La Marseillaise. 

La polémique a rapidement été récupérée par le Front national. Dimanche, Marine Le Pen a appelé Manuel Valls à limoger Christiane Taubira, qui, "en comparant La Marseillaise à un 'karoké d'estrade', et en refusant de la chanter, a révélé son vrai visage et celui du gouvernement". 

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La tonalité est la même chez Florian Philippot. Sur RTL, le vice-président du FN s'est dit choqué ce lundi par le silence de la Garde des sceaux et estime qu'elle "devrait partir ou être démise".

Un procès injuste pour Benoît Hamon

Sous le feu nourri des critiques de la droite et de l'extrême-droite, Christiane Taubira a reçu le soutien de Benoît Hamon. Présent aux côtés de la ministre de la Justice samedi lors de la cérémonie au jardin du Luxembourg, le ministre de l'Éducation a affirmé sur BFMTV ce lundi qu'il n'avait pas chanté La Marseillaise non plus. "Je ne comprends pas qu'on lui fasse ce procès-là. Pourquoi on ne me le fait pas à moi ?", s'est-il interrogé, précisant qu'il l'a chantait "dans les stades" mais que "dans ces moments-là, elle inspirait le silence et le recueillement". 

Samedi, Christiane Taubira avait déjà avancé cette explication dans une tribune publiée sur son compte Facebook. Dans ce long texte, intitulé Halte au rapt, la ministre assure avec ferveur qu'elle n'a rien contre La Marseillaise et qu'elle en connaît la force et le symbole. Elle explique ne pas avoir chanté non plus dans l'autre cérémonie, au Luxembourg, parce qu'elle "préfère le recueillement au karaoké d'estrade" dans ces circonstances, mais qu'elle y va "gaillardement de [sa] part de fausses notes" dans les meetings.

Une maladresse, selon un proche de François Hollande

Au sommet de l'exécutif, on s'évertue à minimiser l'incident. Mais on regrette que la ministre ait donné une fenêtre de tir à l'opposition. "Cette polémique est stérile", dit-on dans l'entourage de Manuel Valls. "Mais Christiane est maladroite, ça aurait été tellement plus simple qu'elle chante", déplore un proche de François Hollande. "Un ministre, ça doit chanter La Marseillaise. On a fait suffisamment de reproches à l'Équipe de France", continue-t-il. À l'Élysée, plus globalement, on parle de "bêtise" sans conséquences.