En Direct
4 min de lecture
Bureau de vote à Paris lors du premier tour de la présidentielle
Crédit : Emilio Morenatti/AP/SIPA
Je m'abonne à la newsletter « Politique »
Il n'y a pas eu de débat. Parce que pour eux c'est une évidence, même si c'est inédit. Il n'y a pas de dessin cette semaine en une de Charlie Hebdo, à quatre jours du second tour de la présidentielle. Pas de dessin, juste une question écrite en blanc sur fond noir : "Faut vraiment vous faire un dessin ?" Charlie qui se prononce pour le "ni-ni" sous la plume de Riss, ni abstentionniste, ni abstentionniste.
"Un slogan, écrit-il, est apparu cette semaine, ni banquier ni raciste. Les antiracistes n'auraient donc pas de compte en banque et planqueraient leurs économies dans une lessiveuse enterrée au fond de leur jardin. On peut tout renvoyer dos à dos comme le fait Jean-Luc Mélenchon, 'l'extrême finance et l'extrême droite', renvoyer dos à dos le communisme et le capitalisme, les islamistes et les caricaturistes, la peste et le choléra." "Ce non-choix est en fait un choix, écrit Riss. Celui de ne pas se mouiller et de laisser les autres le faire. C'est un peu comme dans le métro quand une femme se fait agresser sous les yeux des passants indifférents qui se disent : 'il y a bien quelqu'un qui va s'en occuper, moi j'ai pas le temps'." "Dimanche, conclut Riss, il faudra choisir si vous vous arrêtez pour faire un geste ou si vous passez votre chemin."
Et avant cela, il y a le face-à-face de ce soir. Le débat télévisé entre les
deux candidats occupe la plupart des unes de vos journaux ce matin. "Le grand
soir de l'ultime face-à-face", titre Paris Normandie, "le choc frontal" en
manchette de La Charente Libre, "l'heure des clarifications" en une des DNA. "Un
débat pour l'histoire", titre carrément Le Parisien-Aujourd'hui en France. Les
mots des éditorialistes empruntent au lexique de la guerre ou de la boxe, c'est
selon. Pour Jean-Louis Hervois, de La Charente Libre, "il revient à Emmanuel
Macron la charge de contenir les assauts du bulldozer sans se faire écraser. À
lui de rester dans la zone de tir tout en échappant aux balles". "Marine Le Pen
n'a plus le choix dans ce qui s'apparente à un dernier round", explique dans
L'Est Républicain Philippe Marcacci, pour qui la candidate du FN va jouer "son
va-tout" et "ne saurait miser sur une victoire aux points. Elle est condamnée à
la victoire par KO. Autrement, ce sera la défaite".
"Jamais combat de boxe n'aura eu droit à une telle campagne de
communication", relève Sébastien Lacroix, dans L'Union-L'Ardennais. "Ce sera du
lourd et du brutal", renchérit Patrice Chabanet, du Journal de la Haute-Marne.
Alors comme avant un combat de boxe, on tente de percer la stratégie de
l'adversaire. Photo face à face dans Le Parisien-Aujourd'hui en France : "Macron
veut la démasquer, Le Pen veut le faire craquer". "Dans cette arène
moderne, écrit le journal, il faut espérer que la recherche du KO par la petite
phrase ne soit pas le coeur de l'exercice. Cela ne dure qu'une soirée. Alors que
les programmes des duettistes vont engager le pays pour cinq ans."
La petite phrase, celle qui restera dans l'histoire. La presse revient bien
sur ce matin sur les débats précédents qui sont restés dans l'histoire, vous
aurez votre dose de "monopole du coeur" et de "moi, président". Le Monde de cet
après-midi a même convoqué Serge Moati, conseiller audiovisuel de Mitterrand en
1981, c'est à lui que l'on doit la charte de réalisation des débats
présidentiels en vigueur depuis 36 ans. Il l'avait rédigée en étant certain
qu'elle serait refusée par le service public, mais à sa grande surprise toutes
les conditions avaient été acceptées, longueur de la table, choix des
journalistes, conseiller des deux camps en régie pour surveiller le réalisateur
et absence de plans de coupe. Serge Moati avait aussi longuement expliqué à
Mitterrand que la télé c'était un langage et une mise en scène, et c'est ainsi
que lors du débat face à Giscard, Mitterrand avait placé devant lui un dossier
sur lequel il tapotait de temps à autre. Persuadé qu'il contenait des documents
sur l'affaire des diamants, Giscard resta sur la défensive. "En réalité, avoue
Serge Moati aujourd'hui, le dossier était vide mais il avait fait son
effet."
Voilà qui ne nous rajeunit pas. "Et peut-être faudra-t-il s'habituer",
prévient ce matin Le Figaro qui veut nous alerter sur la France déchirée qui
verrait le jour au lendemain d'une éventuelle élection d'Emmanuel Macron. "La
France sera coupée en deux", écrit Jean-Pierre Robin, qui est le premier à
remarquer qu'avec ses 39 ans et 4 mois, Emmanuel Macron a l'âge médian des
Français, celui qui découpe en deux parts égales les 66 millions de la
population (ceux qui ont plus et ceux qui ont moins). Or ces deux groupes sont
strictement équivalents. "Emmanuel Macron président, c'est le coup de vieux
assuré pour 33 millions de Français", écrit le journaliste qui reconnaît que le
sentiment peut paraître trivial mais il a son importance. Aux âmes bien nées la
valeur n'attend pas le nombre des années, a-t-on appris à l'école, mais il n'en
existe pas moins une certaine méfiance à l'égard des trop jeunes dirigeants et
elle remonte loin. "Malheur à toi, terre dont le roi est un enfant et dont les
princes mangent dès le matin", rappelle Jean-Pierre Robin, qui se souvient que
le mot sénat vient du latin sennex, qui signifie vieux.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte