"Manuel Valls a un problème de lumière avec Emmanuel Macron", dit Alba Ventura

Voilà un sondage qui ne va pas arranger les relations entre Manuel Valls et Emmanuel Macron. Selon l'institut Odoxa, la cote de popularité du jeune ministre de l'Économie est de cinq points supérieure à celle du chef du gouvernement. On comprend que cela peut agacer. Mais c'est extraordinaire. Il faut se souvenir que Manuel Valls, lorsqu'il est entré à Matignon, voulait absolument faire venir Emmanuel Macron dans son équipe. Il voulait lui confier le Budget à l'époque C'est François Hollande qui s'y est opposé. Quand il a fallu remanier Bercy, tout le monde s'était alors réjoui de le voir arriver au ministère de l'Économie. Montebourg "le rebelle" était remplacé par Macron "le moderne". Ouf, on allait enfin pouvoir s'afficher sans complexe "social-libéral" ou "social-réformiste".

Les "M&M's" du gouvernement

On parlait du tandem Valls-Macron. On les appelait les "M&M's" au gouvernement. Ils étaient pointés du doigt par les autres socialistes mais n'en avaient cure parce qu'ils étaient certains de faire bouger la gauche, de faire entrer le PS dans une autre dimension. Unis comme les cinq doigts de la main, ils allaient conquérir le peuple de gauche et au-delà.

Que s'est-il passé ? La politique qui, en France, est malheureusement trop souvent une affaire d'ego et de rivalités. On est toujours obsédé par son voisin. Souvenez-vous de Villepin-Sarkozy et de Jospin-Fabius. Subitement, le rôle d'aiguillon qu'incarnait Emmanuel Macron est devenu un problème. Sur les 35 heures et sur les fonctionnaires, le jeune ministre est constamment contredit par un premier ministre qui pense quand même exactement comme lui. Car si avec Christiane Taubira  il y a des désaccords de fond avec Emmanuel Macron il n'y en a pas. Avec Macron, c'est un problème de lumière : Manuel Valls prend moins la lumière que son jeune ministre. Comme Manuel Valls est à la fois susceptible et soupe au lait, il ne se tempère pas beaucoup, il s'agace.

Rumeur de démission

Cela donne quelques remarques acides comme lorsqu'il déclare que "l'expérience d'élu de terrain est irremplaçable" ou encore "moi aussi j'ai incarné le renouvellement, le changement, ça passe vite". C'est dommage parce qu'Emmanuel Macron, tout ambitieux qu'il est, est d'abord un allié politique du Premier Ministre. Manuel Valls ne devrait pas prendre ombrage de la réussite de ses ministres ? Ce n'est pas à la hauteur. C'est même assez déplacé.

La rumeur circule selon laquelle Emmanuel Macron pourrait démissionner. C'est une rumeur comme celle qui le donne dans le même temps à la tête d'un super-Bercy lors du prochain remaniement. Cela n'exclut pas les états d'âme d'Emmanuel Macron, son sentiment d'être cadenassé par Matignon. D'autant qu'après avoir déjà donné son nom à une loi (la loi Macron), il pourrait se voir priver d'une loi "Macron 2" au profit d'une loi El Khomri, du nom de la jeune ministre de l'Emploi. Cela peut expliquer le petit coup de déprime du ministre. Parce que l'étiquette en politique, ça compte. Et ça aussi c'est déplacé.

Les carnets du du jour

Savez-vous quel est le meilleur élève de la classe au Conseil constitutionnel ? C'est Lionel Jospin. Tout le monde s'accorde à le dire : il est très engagé, il fait un travail remarquable. Mais c'est un autre socialiste qui devrait  remplacer Jean-Louis Debré le mois prochain à la tête de l'Institution : le nom qui circule est celui de Laurent Fabius, qui est en train de recaser ses collaborateurs. Inutile de vous dire que pour Lionel Jospin, voir arriver Fabius c'est un cauchemar. Selon des proches, l'ancien premier ministre essaierait même de convaincre Jean-Louis Debré de faire front commun contre Fabius. Cela promet !

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