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Emmanuel Macron, le 5 novembre 2016
Crédit : CHAMUSSY/SIPA
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Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle depuis la semaine dernière, l'ancien ministre veut s'attaquer à la carte scolaire, véritable serpent de mer qui agite le débat politique depuis vingt ans. Au tour d'Emmanuel Macron de s'y frotter. L'ancien ministre veut la faire évoluer, sans dire précisément comment à ce stade de sa campagne. L'objectif pour lui est de mettre un terme aux écoles-ghettos, de donner la possibilité aux enfants des quartiers défavorisés d'aller dans des établissements réputés, qui peuvent être situés loin de leurs domiciles. Aujourd'hui, et depuis 1963, la carte scolaire est l'obligation d'aller dans le collège ou le lycée à côté de chez soi.
C'est Christian Fouchet, ministre de l'Éducation de de Gaulle, qui a mis en place la sectorisation pour le collège et l'enseignement secondaire. Cela ne concernait pas l'école primaire, et c'est toujours le cas. L'idée était déjà, à l'époque, d'élargir l'élite de la nation en donnant la possibilité à tous les enfants d'aller au collège et au lycée près de chez eux. Cela a plutôt bien marché mais, avec le temps et la dégradation des conditions de vie dans les banlieues, la carte scolaire a été pointée du doigt, désignée comme une cause de ségrégation sociale.
Il y a bien eu quelques tentatives d'assouplissement, sous Nicolas Sarkozy. Elles consistaient notamment à accorder davantage de dérogations, avec une suppression totale de la carte scolaire au bout de cinq ans, au nom de la liberté de choix. Cette idée était défendue de longue date par la droite. L'autre ambition affichée était la même que celle d'Emmanuel Macron aujourd'hui : favoriser la mixité sociale. Mais le résultat n'avait pas du tout été au rendez-vous : les demandes de dérogations avaient explosé, mais elles sont surtout venues de familles favorisées, qui utilisaient par exemple un autre domicile pour changer d'établissement... L'inverse de ce qui était recherché.
Autre conséquence révélée par un rapport de 2012 du ministère de l'Éducation nationale : l'enseignement privé a connu un boom important, là aussi au profit des catégories sociales les plus aisées. La gauche aussi a déjà essayé de modifier la carte scolaire, sous François Mitterrand précisément. Aujourd'hui, la question est de nouveau tabou chez les socialistes. Lorsqu'ils s'en occupent, c'est sous forme d'expérimentations très limitées.
Certains, comme l'économiste Thomas Piketty, estiment que pour plus d'égalité des chances, il faut élargir la carte scolaire aux établissements privés qui sont, de fait, financés par l'État. La carte scolaire reste donc un dossier explosif. Toucher à la carte scolaire, c'est toujours la crainte de déclencher une nouvelle guerre scolaire comme en 1984. D'ailleurs, même François Fillon, qui revendique un projet libéral, ne l'a pas mis à son programme. Pourtant, à l'étranger, le modèle de la carte scolaire est très peu répandu y compris dans des pays sociaux-démocrates comme la Suède : les Suédois l'ont supprimée en 1988 au profit d'un chèque éducation distribué à toutes les familles libres ensuite de choisir l'école de leurs enfants. C'est peut-être, qui sait, la proposition concrète que fera Emmanuel Macron...
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