Un humoriste raciste et machiste élu président du Guatemala

Personne n'aurait parié sur lui il y a quelques mois, quand il plafonnait à 0,5% des intentions de vote. Aujourd’hui, Jimmy Morales est président du Guatemala. 

Humoriste, comédien, il sévit sur les écrans de télévision depuis 15 ans, avec un show à l'humour vaseux, souvent machiste et raciste. Dans le film Neto, il incarnait un cow-boy naïf sur le point de devenir président par accident. 

Jimmy Morales a profité de la chute de son prédécesseur, qui dort désormais en prison, accusé d'être à la tête d'un gigantesque réseau mafieux et d'avoir détourné des sommes colossales. L'humoriste a alors commencé à grimper dans les sondages, surfant sur le ras-le-bol de la corruption avec un seul slogan : "Je ne suis ni corrompu, ni voleur". 

Mais Jimmy Morales ne fait pas rire tout le monde : le parti qui le soutient a été fondé par des officiers d'extrême droite à la retraite, soupçonnés de massacres pendant la guerre civile qui a fait 200.000 morts. D'où une inquiétude que son élection ne mette un coup d'arrêt à la lutte contre l'impunité de ces responsables. Morales n'en dit d'ailleurs pas un mot dans son programme farfelu. Parmi ses promesses : équiper les enseignants d'un GPS, pour s'assurer qu'ils vont en cours, distribuer des téléphones portables aux élèves... Il est par ailleurs pour la peine de mort, contre l'avortement et contre le mariage gay. 

Le pays ne va pas bien, et l'absence totale d'expérience politique de Morales en fait une coquille vide. Le Guatemala est miné par 36 ans de guerre civile, le crime organisé et la misère. C'est aussi l'un des pays les plus violents au monde. Mais le nouveau président n'a pas du tout évoqué les questions de santé, de sécurité et d'éducation pendant sa campagne.

"Je vous ai fait rire pendant 15 ans. Je vous promets que, si je deviens président, je ne vais pas vous faire pleurer", a-t-il promis la veille de son élection. Espérons, pour les Guatémaltèques, que ce ne soit pas de l'humour noir !