En ce moment en Norvège, tous les responsables économiques de premier plan sont des responsables de sexe féminin. C'est comme si nous avions en France à Matignon Édouardine (et non pas Édouard) Philippe, à Bercy Bruna Lemaire, Pierette Gattaz à la tête du Medef, et Philippine Martinez à la CGT.
Ça serait un autre monde pour la France. Alors qu'ici, sur la façade norvégienne de la Scandinavie, c'est la norme. Et pas seulement dans les hautes sphères. Je rencontrais mardi 16 janvier Cecilia, une jeune femme qui a monté une entreprise de travaux publics. Elle gère la signalisation routière et répare les aiguillages des innombrables tramways qui sillonnent Oslo. Un travail assez physique.
Sur 45 employés, Cecilia a recruté 40 femmes. Du coup, elle a baptisé son entreprise "Traffic girls". Le chiffre d'affaires explose, avec des progressions de 30% par an. On voit aux carrefours des blondes avec des sourires à faire dérailler les tramways en train d'actionner les aiguillages sous la neige.
Les femmes ont trouvé leur place dans l'économie. Par rapport à la France, c'est très net. Ce qui a déclenché le mouvement, c'est une loi passée il y a quinze ans, qui imposait 40% de femmes minimum dans les conseils d'administration. C'est devenu, là aussi, la norme. Malgré les critiques initiales qui redoutaient que les entreprises ne trouvent pas de femmes suffisamment qualifiées ou même intéressées par ces postes.
Il faut dire que les entreprises qui s'exonèrent de cette obligation sont purement et simplement dissoutes. Pourtant, cela ne suit pas encore dans les postes à responsabilité dans l'entreprise. C'est ce que regrette Kristin Skogen Lund, qui est justement l'homologue norvégienne et féminine de Pierre Gattaz.
Sur 45 employés, Cecilia a recruté 40 femmes
François Lenglet
Selon elle, les femmes ont besoin d'être encouragées davantage que les hommes, parce qu'elles ne se projettent pas spontanément en patronne. Du coup, le Medef local organise des formations spécifiques pour les femmes, pour les aider à s'envisager comme patronne ou comme entrepreneuse.
Tout le pays est mobilisé par cette cause. Il y a une culture égalitaire très profonde, et c'est sans doute pour cela que la Norvège est en pointe. Mais c'est vrai qu'il reste des freins.
L'environnement familial et les enfants pèserait-il sur les carrières ? Pas tant que cela. Le pays a fait une innovation incroyable : un congé paternel obligatoire, qui vient compléter le congé maternel après une naissance. Les deux époux se voient octroyer 49 semaines à deux (presque un an), payées à leur salaire dans l'entreprise. Mais c'est l'État (la protection sociale) qui finance.
Il y a dix semaines obligatoires pour le père. S'il ne les prend pas, elles sont perdues. La mère ne peut pas les récupérer. Du coup, les pères les prennent.
On voit ici de jeunes hommes qui poussent des landaus avec leurs bébés, et qui discutent entre eux sur un banc en pleine après-midi, exactement comme les mères chez nous. Ils sont assurés de retrouver leur poste à l'issue du break. Parce que si une entreprise s'avisait de supprimer leur job, elle serait passible de lourdes sanctions.
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