La colère des électeurs néerlandais peut-elle s'expliquer par la situation économique du pays ? C'est peu probable. L'économie hollandaise est l'une des plus prospères d'Europe, avec un excédent commercial qui est le troisième plus élevé de l'OCDE, à 8% du PIB. C'est un niveau très voisin de celui de l'Allemagne. Ils ont des secteurs très puissants : la logistique et le transport, avec les ports comme Anvers ou Rotterdam, qui alimentent toute l'Europe. Il y a aussi l'agriculture et l'industrie chimique. Les Hollandais ont un niveau de vie qui est l'un des plus élevé d'Europe, à 28% au-dessus de la moyenne européenne, quand l'Allemagne est à +24%, et la France à +6% seulement.
Est-ce l'emploi qui les chagrine ? Absolument pas. Le taux de chômage est compris entre 5 et 6% (autant dire qu'il n'y a pas de chômage). Le taux d'emploi, c'est-à-dire la proportion d'adultes en âge de travailler qui ont effectivement un emploi, est de 74%. C'est dix points au-dessus de la France.
Plus remarquable encore : le nombre d'heures de liberté dans la journée d'un salarié (attention, cela comprend aussi le temps de sommeil) est en moyenne de 15,9 heures par jour. C'est quasiment le chiffre le plus élevé de toute l'OCDE. Conséquence : l'indice de satisfaction des Hollandais quant à leur vie est de 7,3. Encore une fois, c'est bien au-dessus de la moyenne de l'OCDE, qui est à 6,5, selon le Financial Times.
Vu de chez nous, c'est une sortie de petit paradis chez les Bataves. En regardant de plus près, on voit bien des différences régionales. La région de Groningen, par exemple, a un taux de chômage de plus de 9%. C'est d'ailleurs l'une des provinces où le Parti de la liberté (populiste) réalise son meilleur score.
Même au plan général, la croissance a été très médiocre ces dernières années. Les Pays-Bas n'ont retrouvé leur niveau de croissance d'avant-crise qu'en 2015. Si même le niveau de vie est élevé, il ne progresse plus guère. Quant aux jeunes, s'ils ont un taux d'emploi bien meilleur que chez nous, ils sont très nombreux à être en CDD ou contrat précaire.
Ce n'est probablement pas suffisant pour expliquer la flambée populiste, même si le sentiment de stagnation économique, fût-ce chez les plus riches des européens, alimente le ressentiment contre les élites. En réalité, les Pays-Bas démontrent une nouvelle fois que l'économie n'est pas le facteur décisif dans la montée des partis extrêmes. Les questions identitaires et l'immigration jouent un rôle clé aux Pays-Bas. Et cela depuis une vingtaine d'année, comme en France. Le nombre d'incident anti-musulman a littéralement explosé dans les toutes dernières années.
Il y a un autre facteur, troublant, qui semble expliquer l'essor de l'extrême-droite. Il est de nature politique, mais il touche à l'économie. Il s'agit de la quasi-disparition aux Pays-Bas, des différences de programme entre les travaillistes (la gauche sociale-démocrate) et des libéraux (la droite) depuis une quinzaine d'années. Au point que les deux grands partis traditionnels ont souvent gouverné ensemble, dans des coalitions. C'est d'ailleurs le cas en ce moment, avec le gouvernement de Mark Rutte. La disparition du clivage droite-gauche a fini par créer une autre offre politique aux extrêmes du spectre.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte