Dévasté par des années d'austérité, la Grèce est à la veille d'élections cruciales. Les élections législatives anticipées devraient voir Syriza, la gauche radicale, l'emporter. Le parti d'Alexis Tsipras, ouvertement anti-austérité, souhaite notamment renégocier la dette grecque ce que critique son principal adversaire, le Conservateur Antonis Samaras.
Après avoir échoué pour la troisième fois à élire un président de la République, le Parlement grec va donc être dissous. Les législatives anticipées qui se dérouleront le 25 janvier prochain ont comme favori, le parti de la gauche radicale Syriza qui effraie les marchés. Ces élections qui, selon le chef du gouvernement, seront "les plus décisives depuis des décennies" risquent de raviver de mauvais souvenirs, alors que la crise de la dette en Grèce avait failli faire exploser la zone euro en 2012.
La Grèce vit depuis 2010 sous perfusion de ses créanciers internationaux (UE, BCE et FMI) qui se sont engagés à lui prêter 240 milliards d'euros en échange d'une austérité drastique. Les Grecs sont las d'en payer les conséquences, notamment un chômage à plus de 25%.
9 millions d'électeurs sont appelés à élire 300 députés, dimanche 25 janvier, lors des élections législatives. Même si le nombre important de partis risque de disperser les voix, l'enjeu est d'obtenir la majorité absolue 151 sièges. Il est important de noter que le parti qui arrive en tête obtient un "bonus" de 50 députés. Cela représente un sixième des députés.
Syriza est un acronyme de "coalition de la gauche radicale". Depuis 2004, ce parti rassemble à la fois des altermondialistes, mais aussi des petits partis trotskystes. Ferveur des supporteurs, sondages unanimes : plus rien ne semble empêcher Alexis Tsipras, leader du Parti de gauche radicale, de devenir dimanche le premier chef d'un gouvernement européen ouvertement anti-austérité.
À 40 ans, il pourrait devenir le plus jeune Premier ministre grec depuis 150 ans et porte l'espoir de la gauche européenne antilibérale dont nombre de représentants ont fait le voyage à Athènes ces jours-ci dans l'espoir assister au succès de leur champion. Pour lui, la victoire ne fait aucun doute et il se projetait déjà, lors de son dernier meeting athénien, dans la peau d'un chef de gouvernement ayant "pleinement conscience qu'à partir de lundi, nous entreprenons une tâche difficile".
Le chef du parti Syriza a prévenu la foule que la tâche serait "difficile", qu'il y aurait peut-être "de grands affrontements". Mais il leur a promis qu'avec Syriza au pouvoir, la Grèce négocierait "fermement, avec détermination, et avec des alliés en Europe, sa dette onéreuse et insoutenable", à 175% du PIB, et de plus de 300 milliards d'euros.
Des propos que les Grecs, après six ans de récession, et avec un chômage à plus de 25%, souhaitent vraiment entendre. Les sondages sont unanimes à donner le parti de M. Tsipras gagnant dimanche, devant Nouvelle-Démocratie du Premier ministre conservateur Antonis Samaras, au pouvoir depuis 2012.
La victoire annoncée de Syriza donne des ailes aux autres partis de gauche radicale européens. Pablo Iglesias, le leader du parti espagnol qui monte, Podemos, est venu soutenir M. Tsipras jeudi. Foule joyeuse, drapeaux flottant au vent, les deux deux hommes se sont donné l'accolade sur l'estrade, tandis que retentissait le chant partisan "Bella ciao".
"Un vent de changement démocratique souffle sur la Grèce. En Grèce, ce changement s'appelle Syriza, en Espagne il s'appelle Podemos", a lancé en grec M. Iglesias. En France, le leader du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon a prédit "un effet domino", un "Printemps européen" des peuples. Même Marine le Pen, dans la veine souverainiste, soutient Syriza, qui a décliné néanmoins "la 'sympathie' fausse et dégoûtante" du Front national.
Après la purge imposée au pays par ses créanciers, UE et FMI, en échange de 240 milliards d'euros de prêts, le gouvernement Samaras a réussi à ramener un peu de croissance depuis mi-2014, à obtenir un excédent budgétaire primaire (c'est-à-dire hors charge de la dette) et à faire une incursion réussie sur les marchés obligataires en avril. Mais tout cela n'a pas changé la vie quotidienne des Grecs exaspérés.
D'autant que le pays n'est pas sorti d'affaire, que le programme d'aide de l'UE a dû être allongé de deux mois, jusqu'à fin février, et le pays a encore des efforts à faire pour obtenir les sept milliards d'euros espérés à cette date. Les milieux financiers font le dos rond. La Bourse d'Athènes, qui a perdu jusqu'à près d'un quart de sa valeur depuis décembre à la perspective de l'arrivée de Syriza au pouvoir, prenait vendredi midi plus de 5%, à la suite de l'annonce la veille par la BCE d'un vaste programme de rachats d'obligations souveraines en Europe.
Le Fonds monétaire international a aussi assuré qu'il "n'examine même pas" l'hypothèse d'une sortie de la Grèce de la zone euro, un 'Grexit', le spectre agité par les marchés en cas de victoire de la gauche radicale. Antonis Samaras tentera pour sa part lors d'un dernier meeting vendredi soir à Athènes d'éviter à la Grèce "un Premier ministre nord-coréen", dernière saillie d'une campagne basée sur la peur et l'exagération.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte