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Supprimer les retraites chapeau, plus facile à dire qu'à faire

REPLAY / ÉDITO - Exaspéré par les polémiques, Emmanuel Macron souhaite mettre un terme aux retraites chapeau des grands patrons. Il ne dispose pourtant pas des droits nécessaires pour imposer une telle chose.

François Lenglet
Crédit : Damien Rigondeaud
Supprimer les retraites chapeau, plus facile à dire qu'à faire
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François Lenglet
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Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a lancé mardi 18 novembre l'offensive contre les "retraites chapeau". Les polémiques se multiplient autour de ces généreux compléments de rémunération prisés des anciens grands patrons.

Celles-ci sont nées des montants considérables que les entreprises provisionnent pour la retraite de leurs dirigeants. 21 millions d'euros, par exemple, pour celle de Gérard Mestrallet, le PDG de GDF-Suez - cela correspond à une pension de 70.000 euros par mois jusqu'à la fin de sa vie. Didier Lombard, ex-patron de France Telecom, toucherait, lui, un complément de 30.000 euros par mois, selon les syndicats.

Il s'agit, dans les deux cas, de compléments de retraite, qui s'ajoutent à la retraite de base et à celle que prévoit la caisse des cadres.

Une pratique légale mais choquante

C'est l'entreprise qui paie ces sommes, c'est-à-dire les clients et les actionnaires. Ces provisions sont d'ailleurs soumises au vote des actionnaires, lors des assemblées générales (c'est la règle désormais), et approuvées avec un score soviétique. La plupart du temps, elles sont aussi conformes au code d'éthique du patronat, qui se borne à limiter les retraites chapeau à 45% du dernier salaire.

Si la pratique est tout à fait légale, elle est néanmoins choquante. D'abord parce qu'il s'agit de patrons salariés qui, quel que soit leur talent et leur réussite, n'ont pas pris de risque personnel. Ensuite parce que ce sont des dirigeants qui ont gagné déjà des millions, voire des dizaines de millions, ce qui devrait permettre de mettre quelques noisettes de côté pour ses vieux jours. Enfin parce qu'au moment où les conditions de départ à la retraite se durcissent pour tout un chacun, cela donne le sentiment d'un passe-droit.

Quel que soit leur talent et leur réussite, les patrons salariés n'ont pas pris de risque personnel

François Lenglet

Emmanuel Macron a les moyens de voter contre ces pratiques dans les entreprises où l'État est actionnaire, et seulement là (GDF-Suez ou Orange, par exemple). Au-delà de ce périmètre, il n'a pas les moyens d'interdire quoi que ce soit.

Nicolas Sarkozy avait voulu lui aussi les supprimer ; il a dû se rabattre sur l'arme fiscale. Il les a lourdement imposées. D'abord avec une taxe sur l'entreprise, qui peut atteindre 48% des montants, pour les dissuader de faire ces versements. Ensuite avec une taxe sur le bénéficiaire, qui peut atteindre 14%, en plus des prélèvements sociaux et de l'impôt sur le revenu évidemment.

La pression monte

Mais les retraites chapeau patronales ont persisté. Cette fois-ci, un rapport a été commandé à l'Inpection des Finances, qui fera des propositions a la fin de l'année. Il faut s'en remettre au bon vouloir des patrons eux-mêmes. Ce n'est pas pour cela qu'il va ne rien se passer. La pression monte. Stéphane Richard, le patron d'Orange, a, par exemple, déclaré qu'il était pour la suppression de ces compléments de revenu. Il est sans doute précurseur.

Quant au ministre de l'Économie, il a validé la semaine dernière les 21 millions de Gérard Mestrallet, en considérant que l'État, actionnaire de GDF-Suez, avait déjà approuvé la chose (c'était sous le gouvernement de François Fillon), et qu'il ne pouvait pas revenir sur sa parole. Mais Gérard Mestrallet n'est pas le seul concerné. Au 31 décembre dernier, l'entreprise avait prévu 103,3 millions d'euros destinées à ces prestations pour les membres de son comité exécutif, selon le rapport annuel de l'entreprise que nous avons consulté.

Les décisions que le ministre va prendre à ce sujet vont être suivies de près.

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