La Chine veut s'imposer au sommet de l'Apec
REPLAY - Les dirigeants de 21 pays riverains du Pacifique se retrouveront demain à Pékin, à l'occasion du sommet de l'Apec. La Chine en profitera pour s'affirmer comme étant le centre de ce gigantesque réseau. - Lenglet-Co, du 10 novembre 2014.
Les dirigeants de l'Asie-Pacifique se rencontrent cette semaine à Pékin, hôte d'un sommet de l'Apec qui marque la montée en puissance de la Chine. Vingt-et-un chefs d'État débarquent dès ce lundi (10 novembre) dans la capitale de l'Empire du Milieu. Ils pèsent à eux-seuls plus de 50% de l'économie de la planète. À eux tous, ils comptent pour la moitié du commerce mondial et représentent 2,5 milliards d'habitants.
Recréer une route de la soie
L'Apec est le plus grand forum économique du monde. Rien a été négligé pour organiser la rencontre. Par crainte d'une alerte pollution - fréquente en Chine -, le trafic automobile a été limité. On a fermé plus de 2.000 usines aux alentours de Pékin et suspendu tous les chantiers. On a même interdit les feux de bois, les barbecues et les incinérations funéraires. En Chine, pas question de mourir au mauvais moment.
Sur les réseaux sociaux, les habitants de Pékin se moquent de ces précautions. Ils parlent désormais du "bleu Apec". C'est le bleu du ciel pendant la réunion, protégée des fumées qui l'obscurcissent habituellement.
Obama le "lame duck" fait face à un Xi Jinping tout puissant
François Lenglet
L'objectif officiel de la rencontre, c'est de faciliter les échanges commerciaux entre les 21 pays riverains du Pacifique, mais aussi de régler les différends qui peuvent surgir entre eux. L'un des projets, c'est de recréer une route de la soie comme il y a plusieurs siècles. Elle traverserait l'Asie et bénéficierait d'infrastructures neuves. L'objectif réel de Pékin, c'est de s'affirmer comme le centre de ce gigantesque bassin de croissance, exactement comme les États-Unis ont régné sur l'Atlantique aux XIXème et XXème siècle.
Le Président américain Barack Obama va rencontrer son homologue chinois Xi Jinping. Mais quelle différence entre les deux hommes ! Le premier est désormais un "lame duck" (canard boiteux). Battu aux élections la semaine dernière, il a perdu tout pouvoir pour les deux dernières années de son mandat. En face de lui, le second concentre tous les pouvoirs. Xi Jinping a éliminé tous ses rivaux. En chine, on n'est pas embêté par les élections.
Rivalité géopolitique
Durant les huit années à venir, la Chine pourrait devenir la première puissance économique du globe. Ce déséquilibre ne va pas faciliter les relations entre les deux hommes. Si les deux pays ont tout intérêts à s'entendre, ils n'ont jamais été aussi distants depuis quinze ans. À cause de la rivalité économique, justement. Chacune des deux grandes puissances défend désormais son propre projet de zone de libre-échange pour la région.
La distance s'explique aussi par la rivalité géopolitique. Depuis la guerre, les États-Unis étaient les maîtres militaires de l'Extrême-Orient, grâce à une forte présence militaire sur les mers, avec la fameuse "7ème flotte". La Chine ne supporte plus ce qu'elle considère comme des intrusions dans sa zone d'influence. Pour Pékin, le contrôle des voies maritimes est crucial. C'est par là que transitent les milliers de tonnes de matières premières et de pétrole nécessaires pour alimenter l'ogre industriel chinois.
