Uber pourra-t-il survivre au départ de son emblématique patron ?
REPLAY - ÉDITO - Travis Kalanick, critiqué pour sa gestion de l'entreprise en pleine tourmente, va prendre un congé sabbatique d'une durée non précisée. Un coup dur pour cette entreprise ?
Le PDG controversé d'Uber Travis Kalanick a annoncé qu'il se retirait provisoirement de ses fonctions, une première étape pour le groupe, qui tente de se réformer et promet de prendre une série de mesures pour corriger son image. Un coup dur financier ? Pas pour le moment. En revanche, c'est un avertissement très sérieux sur la gestion de cette boîte réputée l'une des plus brutales de la nouvelle économie. Le conseil d'administration a mis le fondateur au frigo pour au moins trois raisons. Travis Kalanik, le fondateur, est un grand ado de 40 ans, déjà milliardaire qui est aussi doué qu'insupportable avec ses équipes, ses actionnaires et pire avec ses clients. C'est mauvais pour la compétitivité et l'image.
Ensuite Uber s'est imposé dans 500 villes à travers le monde, mais ses comptes sont toujours dans le rouge (près de 3 milliards de pertes en 2016). Enfin, la mauvaise réputation de la société est un handicap majeur quand il s'agit d'attirer les cerveaux et les talents qui sont la ressource la plus rare et la plus disputée de la nouvelle économie.
Le modèle Uber n'est pas pour autant en danger. Le chiffre d'affaires d'Uber a encore augmenté de 18% durant le premier trimestre de cette année. La société, qui vaut 70 milliards de dollars en Bourse, reste l'une des cibles préférées des investisseurs. Au-delà des polémiques crées par le boss, Uber est aujourd'hui un nom commun. Il recouvre une approche chamboule-tout de l’économie. C'est le synonyme d’une relation directe entre le client et le prestataire d'un service.
L'ubérisation, c'est comme le dentifrice
C'est un mode de fonctionnement qui pénètre tous les secteurs, bien au-delà des transports. On considère même que les plateformes numériques de confiance devraient être copiées par les gouvernements pour optimiser à moindres coûts les services publics. Nous aurions ainsi des guichets uniques, efficaces, transparents et rapides. Ce n'est ni la philosophie ni les technologies qui sont sur la sellette, mais les frasques d'un entrepreneur;
L'ubérisation c'est comme le dentifrice : une fois que la pâte est sortie, impossible de le remettre dans le tube. Cela a une vertu immense : celui de casser les rentes et les profits des groupes de pression. Mais cela a aujourd'hui un inconvénient majeur : ne pas être encadré par un environnement adapté. Son acceptation sociale et son efficacité économique passent donc par un nouveau droit de l'activité professionnelle.
Il faudrait très vite ubériser le Code du travail. D'autant plus vite qu'une autre révolution pointe le nez : celle de l'intelligence artificielle.
Le bloc-notes
- La moitié des centrales nucléaires américaines perdent de l'argent 3 milliards au total.
- La Chine a relevé l'embargo sur le bœuf français.
La note du jour
14/20 au salon Viva Technology, qui a su réunir à Paris 5.000 jeunes entreprises des nouvelles technologies et qui devrait attirer 50.000 visiteurs.
