Il se prépare un tsunami sous nos pieds. Une chaussure de sport, c'est environ 200 pièces, coupées à la main et collées à la main. C'est pour cela que l'essentiel de la fabrication a été délocalisé il y a trente ans en Asie, là où les coûts du travail sont faibles. Nike, le fabricant américain, a été le premier à installer des usines dans les pays à faible coût du travail et à législation sociale quelque peu lâche (il a été question de travail des enfants dans des conditions sanitaires épouvantables, si l'on en croit les rapports des ONG). Aujourd'hui, Nike est plus vigilant et emploie un million de personnes dans une quarantaine de pays, dont la moitié pour les seules chaussures de sport. Ainsi, 75% de la fabrication de ces chaussures est fait dans trois pays : en Chine, au Vietnam et en Indonésie. Mais c'est peut-être la fin.
Ces pays ne sont plus forcément les moins chers pour faire fonctionner des usines. Les salaires y ont augmenté. Et surtout, il y a maintenant une alternative : les robots. Nike fait désormais fabriquer un million de chaussures dans une usine au Mexique, tout près de la frontière américaine, en ayant complètement automatisé la production. Les matériaux sont découpés au laser et collés par des automates. Cela représente à la fois une économie substantielle et un raccourcissement considérable du cycle de production. Cela permet de suivre de plus près les désirs d'un client de plus en plus volage, qui est prêt à dépenser parfois 150 euros pour une paire pour avoir la plus nouvelle.
Autrement dit, les baskets vont être faites quasiment sans intervention humaine. Adidas vient de monter ce qu'il appelle une "speedfactory" en Allemagne, qui permet de fabriquer une basket en cinq heures, alors qu'il faut aujourd'hui plusieurs semaines sur la chaîne de sous-traitants asiatiques. Adidas a également un prototype pour fabriquer sur place, dans les magasins, les baskets que vous voulez, avec une imprimante 3D qui fonctionne sous vos yeux. Under Armour, le troisième grand de la chaussures de sport, vient d'ouvrir une usine ultra-technologique a Baltimore, aux États-Unis.
Il se prépare une nouvelle gigantesque migration d'usines. Trente ans après la délocalisation en Asie, pour laquelle les Nike et consorts ont été les pionniers, c'est la délocalisation d'Est en Ouest, dans l'autre sens, qui se profile. Nike a déjà réduit de 200 le nombre des usines travaillant pour la firme, passant de 700 à 500. Et cela suscite une crainte croissante dans les pays d'Asie concernés, qui redoutent de perdre les jobs industriels qui leur ont permis de décoller.
D'après une étude du Bureau international du travail (BIT), 56% des emplois du Cambodge, de l'Indonésie, des Philippines, de Thaïlande et du Vietnam sont en risque d'être automatisés d'ici dix à vingt ans, les plus exposés étant l'industrie de la chaussure et du vêtement.
Les baskets vont-elles être moins chères pour autant ? C'est possible, mais pas grâce à la technologie. Plutôt à cause de la féroce concurrence entre les fabricants, de la montée du commerce en ligne, au détriment des magasins spécialisés, qui va permettre d'économiser sur les coûts de distribution. Et peut-être encore grâce l'irruption prochaine d'un nouvel acteur dans le monde des vêtements de sport : c'est Amazon, qui sort bientôt sa propre ligne d'articles.
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