On a beaucoup parlé de crise dans l’agriculture ainsi que de sécurité alimentaire cet été. Parallèlement on note l’engouement des Français pour le bio. Ce marché est en train de changer d’échelle. La mutation se fait à grande vitesse. Sur les six premiers mois de cette année, nous avons augmenté nos achats en produits bio de 20%. C’est énorme. Il faut bien voir que la croissance du commerce alimentaire traditionnel - celui des grandes surfaces, des marchés ou des épiceries de quartier - est quasiment plate. Elle évolue grosso modo au rythme de l’augmentation de la population.
L’engouement des consommateurs français pour le bio est à ce point rapide que cette filière alimentaire, mais aussi celle de la cosmétique et du textile bio, deviennent les nouvelles frontières du commerce. La course entre les grandes enseignes et les circuits spécialisés s’organise. Elle s’annonce vigoureuse.
Quand un marché passe de 3 à 7 milliards d'euros en cinq ans, les appétits s’aiguisent. Tous les acteurs de la distribution veulent leur part du gâteau. En moins de six mois, les distributeurs officiellement recensés bio ont augmenté de 7%. Ils sont aujourd'hui 3.850 dans l’Hexagone. Les géants se positionnent. Dans ses hypers, mais aussi sur Internet, Carrefour a racheté très discrètement un site spécialisé qui propose plus de 15.000 références. Auchan lui colle au maillot avec la création de magasins dédiés sous l’enseigne "Cœur de nature". Le groupe Casino accélère dans ses Monoprix, très implantés dans les villes, et surtout dynamise sa chaîne Naturalia qui dispose déjà de 147 magasins et va en ouvrir 37 supplémentaires l’an prochain.
En moins de six mois, les distributeurs officiellement recensés bio ont augmenté de 7% en France
Christian Menanteau
Toute cette agitation pour revenir sur les talons du champion du secteur, BioCoop qui, avec ses 400 magasins, contrôle 50% du marché et affiche une hausse de son chiffre d’affaires de 17%. Il y en a en France peu de business qui peuvent se vanter de telles performances cette année.
Les agriculteurs surveillent de très près ce mouvement. Ils bougent : il y aura aujourd'hui comme tous les jours de l’année, vingt-et-une exploitations qui vont basculer de l’agriculture classique vers l’agriculture bio. En toute logique, le mouvement va s’accélérer. D'abord parce que les consommateurs l’attendent. Ensuite parce que nous sommes massivement dépendants des importations pour les produits bio. Et surtout parce que c’est plus rémunérateurs et moins sujet aux charivaris des marchés internationaux.
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