On ne compte plus les articles du Daily Mail, le célèbre tabloïd anglais, ou les livres qui dépeignent la froideur de la Reine. Elizabeth II a aggravé cette réputation avec Diana, pâtissant de l'hystérie autour de la princesse du peuple et de l'affection sans borne que lui portaient les Anglais. Lorsque la mère de William et Harry est décédée, la Reine n'est pas rentrée à Londres et a refusé de mettre les drapeaux en berne à Buckingham, comme le voulaient ses sujets. Très attachée à la tradition, elle souhaitait que son étendard flotte sur Balmoral en Écosse, où elle résidait avec sa famille pour les vacances.
Cette réaction qui a semblé horriblement froide au peuple a failli provoqué une révolution. Ses conseillers ont dû la convaincre de parler en direct à la télévision. Selon Stéphane Bern, la Reine est seulement restée dans son rôle. "Il ne faut pas oublier qu'elle est ointe par les saintes huiles, explique le journaliste, écrivain et spécialiste des têtes couronnées. C'est une monarchie sacrale donc on ne fait pas n'importe quoi. Elle n'a pas à montrer ses émotions même si elle en a."
Elizabeth II a été élevée dans le sens de la dignité. Ses chagrins et ses douleurs, on les garde pour soi et on ne les partage pas
Stéphane Bern
Elizabeth II a été éduquée pour être reine, entraînée pour rester stoïque aux bouleversements. "On est dans une époque de ressenti où il faut toujours être dans la compassion et pleurnicher à la télévision pour être populaire, juge Stéphane Bern. Elle est à l'inverse de cela. La nation prend le deuil mais elle garde un peu de dignité pour ses petits-enfants. Elle a été élevée dans le sens de la dignité. Ses chagrins et ses douleurs, on les garde pour soi et on ne les partage pas."
Alors comment est-elle, cette reine, en vrai ? Pas si froide que cela, paraît-il, voire plutôt drôle. "Les quelques personnes qui ont passé du temps avec la Reine en privé louent sa bonne compagnie, intéressée et perspicace, avec un sens de l'humour pince sans rire", notait le quotidien anglais Express en 2012. Elizabeth II aime rire aux blagues un peu grivoises de son mari, le prince Philipp, et amuse beaucoup le jeune prince Harry. "Elle est très drôle. Je crois qu'elle tient ça de mon grand-père, confiait le frère de William au Telegraph. Ma famille est la même que toutes les autres quand il s'agit d'humour en privé."
Elizabeth II serait même plutôt chaleureuse. À 89 ans, hors de question de prendre sa retraite. Elle reste au service du peuple. Soucieuse de son bien-être, elle effectue quelque 600 déplacements par an pour aller à sa rencontre. "Elle n'est pas du tout froide quand on la connaît, estime Stéphane Bern. Elle est proche des gens. Elle va dans les maisons de retraite, les hospices. C'est impressionnant cette femme qui arrive encore à s'émouvoir, à s'interroger, à s'intéresser."
Comme l'expliquait un employé de la cour au Daily Mail en 2011, la Reine est incapable d'être "rude" ou "méchante". En revanche, elle refuse les familiarités et les questions personnelles pour protéger la sacralité de sa fonction. "Elle est obligée d'avoir cette carapace, acquiesce Stéphane Bern qui a rencontré la Reine. Il y a la femme qui peut parfois être étouffée par la reine mais elle fait son métier jusqu'au bout. C'est un job à vie. Elle se protège. Elle n'est pas froide. Dans l'intimité, c'est une dame vraiment très gentille." Ceux qui la trouvent froide donc sont ceux qui ne l'ont jamais rencontrée, qui la regardent de loin, impassible, dans ses tailleurs de toutes les couleurs.
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