Bertrand Cantat : les deux vies du chanteur

PORTRAIT - Bertrand Cantat, le célèbre chanteur de Noir Désir, revient sur le devant de la scène avec un album solo.

Bertrand Cantat, lors du festival des Vieilles Charrues en 2014

Crédit : Alain ROBERT/APERCU/SIPA

Un homme, deux vies... Il y aura toujours un avant et un après dans l'existence de Bertrand Cantat. Avant, il est d'abord ce jeune homme romantique qui s'enflamme pour la poésie de Rimbaud ou les chansons de Brel et de Ferré.

Sa mère est institutrice, son père militaire. Il reçoit une éducation stricte. Au gré des affectations, les Cantat déménagent souvent. Bertrand grandit en HLM mais au milieu des livres et des discussions politiques. Sitôt majeur, il quitte la maison pour jouer du rock.

Sept ans plus tard, Aux sombres héros de l'amer entre au Top 50. Mais Noir Désir fuit les médias et les plateaux télé. La musique, c'est sur scène. Bertrand Cantat s'y donne corps et âme. Jusqu'à tomber en syncope en plein concert. Jusqu'à se casser les cordes vocales. Le groupe est souvent au bord de la rupture. Il y a de gros coups de gueule. "J'ai besoin de faire sortir la violence", dit le chanteur à l'époque.

Une dramatique nuit de juillet 2003

Depuis quelques mois, il vit une histoire d'amour fusionnelle avec Marie Trintignant. Ils sont fous l'un de l'autre. Elle part en tournage à Vilnius, forcément elle l'emmène. "Dieu qu'on s'aime !", écrit-elle à une amie.

Mais, pendant qu'il roucoule à la télévision lituanienne, Bertrand Cantat culpabilise. Pour Marie, il a laissé sa femme, enceinte de leur deuxième enfant. Et puis il doit partager son amoureuse avec sa grande famille, sa mère, ses quatre enfants... Et son mari, Samuel Benchetritt. Car ils ne sont pas encore séparés. Un SMS un peu trop tendre, et l'alcool fera le reste. Une dispute, des coups, elle s'effondre. Pour ce meurtre, Bertrand Cantat passera près de 4 ans en prison.

... Avant un nouveau drame en 2010

Quand il sort en 2007, il retrouve sa femme, Kristina Rady. C'est son soutien héroïque. Elle jure qu'il ne l'a jamais frappée. Mais en 2010, on la retrouve pendue à leur domicile. Bertrand Cantat est mis hors de cause, mais le soupçon demeure.

Aujourd'hui, il confie aux Inrocks qu'après Vilnius, il a longtemps été obsédé par le suicide. Il a aussi pris beaucoup de médicaments, c'est même devenu une addiction dont il a eu du mal à sortir. "C'est horrible d'être le symbole de la violence contre les femmes", dit-il. Il ne demande pas l'absolution mais l'indifférence.

En fin d'année sortira le premier album à son nom. Il s'appelle Amor Fati. C'est du latin, et ça veut dire : "Aime ton destin".

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