Vincent Lindon incarnera mercredi au cinéma le chef d’une organisation humanitaire qui veut favoriser l’adoption d’orphelins africains. Le film Les chevaliers blancs est tiré de l’affaire de l’Arche de Zoé. En mai dernier on le découvrait en ouvrier devenu vigile, confronté à l’impitoyable cruauté de notre société dans La Loi du Marché. Ce qui attire le comédien dans ce genre de rôle, c'est le scénario. "Je ne contrôle pas mon inconscient et je dois être attiré par quelque chose derrière, que je ne vois pas bien, qui est une grande histoire derrière la petite histoire que je lis. Je crois que j'aime quand les films racontent quelque chose, qui sont comme une photo de l'époque. C'est ce qui fait qu'un film ne vieillit pas", explique Vincent Lindon.
Les chevaliers blancs, c’est à la fois une fiction mais aussi parfois un travail quasi documentaire; sans esbroufe, sans effets, sans pathos, sans juger à charge ou à décharge. Joachim Lafosse, le metteur en scène du film raconte le naufrage d’un engagement. Vincent Lindon est Jacques Arnault, le patron de Move for kids, dont le but est d'aller en Afrique récupérer des dizaines d'orphelins pour les exfiltrer et ensuite les confier à des familles en mal d’enfants. Sauf que l'opération, montée en secret, sans autorisation des autorités, (tricolores ou africaines) avec une mauvaise préparation, va rapidement se transformer en désastre.
La force de Joachim Lafosse est de filmer tout cela au plus près des personnages, du premier au plus petit rôle : Vincent Lindon mais aussi Louise Bourgoin, Valérie Donzelli, Yannick Rénier, Reda Kateb et les comédiens africains sont tous impeccables parce que sobres, crédibles, émouvants, agaçants - quand le personnage de Vincent Lindon se transforme en sorte de gourou inconscient des limites qu'il franchit jour après jour, bafouant la loi, sa parole et la valeur de sa mission de base.
C'est un homme qui va se perdre en route
Vincent Lindon
"Je comprends cet homme, mais c'est aussi un mal du siècle. Pour rassembler, monter un groupe de 15 personnes, monter un camp, il faut une énergie. Il y a forcément une sincérité, il croit à son histoire. C'est une histoire humaine personnelle. C'est un homme qui va se perdre en route, qui fait un déport de conscience. Il finit par devenir amoureux de lui en train de mener à bien sa mission choses plutôt que de sa mission elle-même", observe le comédien
"Au départ, il entend que 700.000 enfants sont en danger. Ça fait appel à quelque chose d'humble et de propre au départ, il y a un côté sauveteur... qui ne veut pas dire sauveur ! Il s'y croit le mec, et il s'est pris pour un autre. Des familles françaises ont prévenu leurs proches qu'ils allaient avoir un enfant. Et ça a créé des dégâts psychologiques énormes", explique Vincent Lindon.
Le patron de cette organisation humanitaire va peu à peu basculer dans une sorte de folie pour aller coûte que coûte au bout de sa quête d’enfants. Cet homme existe, il s’appelle Eric Breteau et c’est le responsable de L’arche de Zoé. Il a été condamné en 2013 à 2 ans de prison ferme pour cette affaire. "J'aurais pu le rencontrer mais je n'ai pas voulu. Pas par dégoût ou par manque d'envie, mais parce que je ne fais jamais cela. Si je jouais un personnage historique, je ne pourrais pas le rencontrer. Si je le rencontre, ça veut dire que ce n'est pas moi. Grâce au metteur en scène et du scénario, je me lance au plus près de ce que j'aurais fait si j'avais été lui. Je joue et je regarde ensuite si je suis tombé pile sur le personnage", détaille le comédien.
Je n'ai pas envie de vide, je n'ai pas envie qu'il ne se passe rien
Les films de Vincent Lindon - des Chevaliers blancs à La loi du marché en passant par Welcome - mettent en scènes des personnages forts au cœur de sujets rudes. "Ça cabosse sûrement car en psychanalyse, j'ai été eux. Dans La loi du marché, j'ai été dans ce supermarché pendant 3 semaines, pour Welcome j'ai été à Calais. Ça cabosse, mais je suis content, parce qu'il se passe quelque chose. Je n'ai pas envie de vide, je n'ai pas envie qu'il ne se passe rien. Je me laisse croire que j'ai servi un tant soit peu à une personne. Rien que pour ça, ça vaut la peine d'avoir existé", justifie l'acteur.
Des rôles qui ont abouti à un prix d'interprétation masculine au festival de Cannes pour La loi du marché de Stéphane Brizé. C'était en mai dernier. Sur scène, le comédien rendait un vibrant hommage à ses parents, décédés. Laurent et Alix étaient respectivement industriel et journaliste. Vincent Lindon sait qu'ils auraient été fiers de lui, "comme tous les parents, ceux d'un boulanger ou d'un pompier". "C'est la vertu des parents, de penser que ses enfants sont les meilleurs. Mais ils n'auraient pas été plus fiers à ce moment précis. L'inconscient des parents se dit en quelque sorte que c'est normal", sourit l'acteur. Pour lui, l'aventure se poursuit : il pourrait être nommé aux César pour son rôle dans La loi du marché.
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