Avec deux albums à son actif et plusieurs "EP", dont un en gallois, Sion Russell Jones n'est déjà plus un débutant. Son premier album est intitulé And Suddenly. C'est en effet "soudain" que l'on a découvert son jeu de guitare tour à tour puissant (notamment sur la chanson qui donne son titre à l'album) ou fin, toujours très technique. Et une voix bien à part. Des chansons le plus souvent portées par un rythme auquel il est difficile de résister, soutenant des textes riches où l'humour et la mélancolie forment un couple original et insolite. Son titre So Long a déjà été diffusé sur RTL, dans l'émission d'Eric Jean-Jean, Nightlist.
En authentique "folk singer", guitare sous le bras, il effectue des tournées jusqu'au Japon, aux USA (festival SXSW d'Austin), bien entendu au Royaume-Uni et fréquemment en Europe du Nord, en Allemagne tout récemment encore. Il a assuré la première partie de Cats On Trees, en Suisse. Mais il reste largement ignoré des médias français. Cette situation évolue cependant à grande vitesse, depuis un premier concert à Paris, en décembre dernier. Il nous avait alors accordé une interview. En voici la transcription.
Sion, c’est ton premier véritable concert en « tête d’affiche » ici, à Paris…
Oui, je suis super content d’être ici, je suis déjà venu jouer mes chansons ici en mars dernier avec quelques petits concerts mais c’est mon premier « vrai » concert en fait.
Et on te retrouve seul, avec ta guitare…
Oui, je joue vraiment tout seul, c’est la formule traditionnelle en fait, guitare acoustique et chanter… Parfois, il y a des musiciens avec moi, et en studio évidemment pour ajouter des couches d’instruments et d’harmonies… mais la plupart du temps c’est juste moi, seul.
De toute façon, c’est comme cela que tu crées et travailles tes chansons, seul…
Oui, ça commence toujours par une idée quand je suis seul en jouant chez moi ou sur scène ou n’importe où quand j’ai du temps pour jouer … Ensuite, en studio, la chanson suit son propre chemin, j’ajoute d’autres instruments et puis ça évolue pour devenir quelque chose de beaucoup plus grand…
Tu avais 7 ans quand tu as commencé à jouer de la guitare… Comment cela est-il arrivé ?
Eh bien, mon père est un guitariste folk, il jouait la scène folk à Londres dans les années 60…donc il y avait toujours des guitares acoustiques qui trainaient à la maison, Bien sûr, j’ai commencé à cet âge mais je voulais jouer quand j’étais encore plus jeune, mais mes parents ne voulaient pas me laisser faire, ils ne pensaient pas que j’en étais capable… mais c’était déjà là, autour de moi.
Que s’est-il passé entre cette époque où tu avais seulement 7 ans et l’époque où tu as produit And Suddenly ?
C’est venu progressivement. Je ne chantais pas d’abord, j’étais juste un guitariste. Dans un des groupes où je jouais quand j’étais plus jeune, le chanteur nous a quittés. Donc le rôle m’est tombé dessus et j’ai dû apprendre à chanter. Alors je l’ai fait tout le temps et plus je chantais, mieux je chantais ! Mais bon, j’étais quand même d’abord un guitariste. A force de répéter et de travailler, je suis aussi devenu chanteur.
Que peux-tu dire de ce titre, And suddenly… C’est plutôt original, non ?
J’ai choisi ce titre parce que ça traduit bien le fait que je suis enfin arrivé, tu vois ce que je veux dire, et tout d’un coup, me voilà quoi ! Et c’est toujours le titre que je garde pour la fin de mes concerts parce que c’est aussi très entraînant et optimiste.
Parlons de Lost no more. Le « mood », l’inspiration, sont plutôt différents du précédent… Tu es d’accord avec ça ?
Oui, je n’ai jamais voulu me répéter. Les gens qui ont une influence énorme sur moi, par exemple les Beatles, chacune de leurs chansons est complètement différente des autres. J’ai toujours essayé de trouver une cohérence dans la sonorité mais de ne pas me limiter à un genre en particulier, j’essaie d’être aussi éclectique que je le peux tout en gardant un son qui m’est propre… Je ne sais pas si ça a du sens !
Les meilleures chansons sont celles qui t'emmènent comme en voyage; tu penses que ça va partir dans une direction et puis ça va dans une autre.
Sion Russell Jones
Mais en plus, dans tes chansons, il y a presque toujours une évolution, comme une histoire, ça se transforme, du début à la fin…
Oui, c’est vrai, je crois que ça évolue. Par exemple, les meilleures chansons sont celles qui t’emmènent comme en voyage; tu penses que ça va partir dans une direction et puis ça va dans une autre… Je reste toujours sur une formule pop, avec une forme ABA et ce genre de trucs, mais c’est sympa de balancer des surprises pour que les gens ne réalisent pas où la chanson va aller.
Par exemple, Banana Song, la fin est surprenante, ça sonne presque « grunge » ! C’est surprenant et particulier à tes chansons, je trouve…
Oh, merci !... Oui, c’est agréable de faire quelque chose qui n’est pas nécessairement prévisible…et j’ai grandi en écoutant du rock et du hard rock, en fait j’imagine que c’est une espèce de clin d’œil à la musique que je faisais avant et peut-être c’est une indication du genre de musique que je risque de faire dans le futur.
On dit que tu es proche d'une personnalité comme celle de Paul Simon… Tu es d’accord ?
J’adore qu’on me compare à Paul Simon, parce que je pense qu’il est génial. Je ne sais pas…c’est essentiellement de la musique pop avec une structure et un format traditionnels. Mais oui, je suis un grand fan de Paul Simon, absolument, donc je prends ça (le compliment) !
Dans tes chansons, l’humour n’est jamais loin de sentiments plus profonds, plus graves… C’est aussi ton avis ?
Oui, c’est très vrai… je crois que ce que j’ai toujours fait dans mes propres chansons, c’est un peu doux/amer. Par exemple, la mélodie peut être très douce mais les paroles sont plutôt très réfléchies et mélancoliques, donc il y a toujours ce contraste entre la douceur et l’amertume, et de l’humour aussi.
Qu’écoutais-tu dans ton adolescence ? Paul Simon donc, et qui d’autre ?...
Du rock, même du heavy metal, quand j’étais ado, des choses très éloignées de ce que je fais maintenant ! Mais c’est bénéfique pour ce que je fais, parce que tu ne piques pas les idées des autres si tu n’écoutes pas le même genre de musique que celle que tu écris. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire… Donc voilà, pas mal de hard rock… Mais bien sûr, j’ai toujours écouté aussi de la musique folk, Joni Mitchell, et des disques des Moody Blues, à la maison, des choses que mes parents écoutaient, et Burt Jansch, et le « folk revival » des années 60…
Tu écris tes paroles seul ?...
La plupart du temps, oui… ça commence avec une idée de mélodie, je prends beaucoup de notes sur ce que j’ai pu lire et je marque ça dans mon téléphone. C’est un tas de notes que je peux utiliser pour construire autour de la mélodie… Je commence toujours par la mélodie et les paroles viennent ensuite.
Est-ce que les concerts, les tournées, les festivals t’apprennent beaucoup ?...
Oui, je le pense…on apprend surtout l’humilité ! Parce que, quand on joue dans ce genre d’endroits, très souvent le public n’est pas forcement venu pour t’écouter. Ils se baladent comme ça, donc parfois il faut se battre pour capter l’attention des gens, ce qui est sympa. Donc oui, j’en ai fait pas mal pendant l’été, ce qui est super, j’ai pas mal joué en Suisse où j’ai fait des festivals très sympa, c’était vraiment cool comme expérience
Est-ce que tu travailles sur les vidéos de tes chansons ?
A l’origine oui, il y a une idée de départ. Mais là, pour l’instant, comme bien évidemment il n’y pas un très gros budget, beaucoup des idées que j’ai ne sont pas réalisables avec l’argent que j’ai de disponible. Donc, on est obligé d’improviser un peu ! !... J’ai fait une vidéo où je chante en live en marchant dans la rue … mais j’ai fait des choses très variées, par exemple pour Bluebird, c’était filmé par un groupe d’élèves de 14 ans qui faisaient une colonie de vacances d’été. Au début je n’allais pas l’utiliser, je faisais ça pour leur donner un coup de main. Mais quand on a vu le résultat, on a trouvé ça très cool et donc, on a décidé de l’utiliser quand même. Voilà, en fait, je fais avec les moyens du bord !
Merci Sion !
Merci !
(Et merci à Dominic Davey pour la supervision de la traduction.)
Sion Russell Jones sera en concert le 9 avril 2015 au Bootleg, à Paris, où il partagera l'affiche avec un duo tout aussi gallois, Paper Aeroplanes, dont nous parlerons dans un prochain article. Une soirée programmée par Du Monde Au Balcon.
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