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Cy Twombly, un artiste qui ne ressemble à aucun autre de son époque
Une des expositions les plus visitées du moment se tient au centre Georges Pompidou. C'est la rétrospective de l'artiste américain Cy Twombly, un des artistes majeurs du XXème siècle.
Cy Twombly est un géant. Né en Virginie en 1928, il étudie l'art à Lexington, à Boston et à New York. En 1952, il obtient une bourse pour faire un grand tour en Europe et en Afrique du nord. Quand il arrive en Italie, Rome le fascine. Il s'y installera en 1959, jusqu'à sa mort en 2011. Cy Twombly considérait Rome comme la ville la plus baroque du monde.
D'ailleurs son œuvre est pleine de références à la mythologie, à la culture romaine ou égyptienne. C'était un artiste érudit et ce n’est pas toujours le cas. Pour ceux qui prennent la peine de regarder, de s’installer devant ses toiles, ils découvriront plusieurs strates de lectures. C’est un faux abstrait, car ses œuvres sont truffées de signes, d’indices, de figures, et même de mots. En même temps, vous pouvez juste regarder les peintures de Cy Twombly en passant, vite, et être époustouflé par leur force, la lumière qui s’en dégage, la sensation d’espace qu’elles produisent.
On peut en être effrayé. D'ailleurs un des titres éventuel de l'exposition était Qui a peur de la beauté car ses toiles ont en effet quelque chose de menaçant. Celles de ses débuts dans les années 50, couvertes d'écritures illisibles et de hachures, jusqu'au feu d'artifice des années 2000, avec ses pivoines rouges, jaunes, bleues, oranges éclatantes qui envahissent les tableaux. On se croirait dans un jardin d'été.
Si vous commencez à vous intéresser à Cy Twombly, vous entrez dans un univers aux implications infinies, la lecture des cartels pour vous aider ou vous perdre au contraire. On y découvre des histoires. On apprend par exemple que les tableaux de 1963 faits d'éclaboussures et de coulures rouges, blanches et jaunes, racontent la vie et la mort de l'empereur sanguinaire romain Commode. C’est une façon de voir que personne ne vous impose et qu’on peut même contester, ou amender.
Mais la biographie du peintre finit par s’imposer, par petites touches. Par exemple, les écritures qui envahissent ces immenses tableaux peints en 1971, dit Les Tableaux de Nini expriment son désarroi suite au suicide de sa grande amie Nini Pirandello.
Cy Twombly est aujourd'hui un des artistes les plus chers au monde. Il a toujours été considéré comme un artiste important, mais par un cercle restreint d’amateurs. Et puis il vivait à Rome, loin du grand cirque new-yorkais de ses amis Jasper Jones et Robert Rauschenberg, tout de suite très à la mode et très cotés. Il a fallu attendre le début des années 2000 pour voir les collectionneur et les spéculateurs s’y intéresser. Et là, vous savez, passées certaines limites, il n’y a plus de frontières, et inversement. Les prix ont décuplé. C’est d'ailleurs pour cette raison que Jonas Dwasvey a mis trois ans pour boucler l'exposition tellement les prêts sont devenus difficiles. Cy Twombly avait l'habitude de dire "On m'a reconnu pour mes peintures à 50 ans, pour mes sculptures à 70 et pour mes photos à 80". C'était à peine exagéré.
Cy Towmbly est un artiste qui ne ressemble à aucun autre de son époque, il est hors norme, hors tendance, hors mode. Il crée la surprise, la lumière, une forme de beauté à la lisière des mots et du sensible. Ne ratez pas cette rétrospective qui n’est pas prête de se revoir. C’est jusqu'au 24 avril au centre Georges Pompidou.
