Pénaliser les clients contribuerait-il à lutter contre la prostitution ?

Ce vendredi 12 juin, la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la prostitution est de nouveau examinée par l'Assemblée, dix-huit mois après une première lecture au Sénat. Le texte prévoit la pénalisation des clients et la suppression du délit de racolage, institué en 2003 et décrié par les associations sur le terrain. Ainsi, n'y-aurait-il pas un risque de renvoyer les prostituées dans la clandestinité ?

Pour Rosen Hicher, ancienne prostituée pendant 22 ans, il est indispensable de pénaliser les clients. Selon elle, si il y a des femmes qui se vendent, c'est parce qu'il a des personnes pour les acheter. Ainsi, elle estime que la première chose à faire est de responsabiliser les clients, et cette loi permettrait de réduire le nombre de travailleuses du sexe sur le marché.

À partir du moment où on va abolir l'offre, il y aura beaucoup moins de mise en vente sur le marché.

Rosen Hicher, ancienne prostituée pendant 22 ans

Marie Prin, secrétaire générale du syndicat du travail sexuel STRASS, estime que cette proposition de loi est dangereuse car elle renforce la stigmatisation, qui est déjà très forte, contre les travailleuses du sexe. Selon elle, ce texte ne fera qu'apporter plus de contraintes à la situation déjà difficile des prostituées. Elles devront travailler dans l'illégalité si cet amendement venait à être adopté. 

Cette loi va nous pousser à travailler dans la clandestinité puisqu'on va devoir continuer à travailler pour vivre et gagner de l'argent afin de remplir nos frigos.

Marie Prin, secrétaire générale du syndicat du travail sexuel STRASS