"Le visage des jihadistes étrangers est rarement masqué", dit un spécialiste du terrorisme
REPLAY - Un jeune Français figurerait parmi les bourreaux de l'otage américain Peter Kassig, décapité par le groupe jihadiste EI. Le décryptage de Jean-Charles Brisard, spécialiste des questions liées au terrorisme.
L'Etat islamique a publié ce week-end la vidéo de l'exécution de dix-huit soldats syriens et de l'Américain Peter Kassig. Dans ce film apparaît un visage : celui d'un jeune Français présent parmi les bourreaux. "C'est quelqu'un qui est en Syrie maintenant depuis au moins un an et demi. C'est rare pour des jihadistes étrangers", explique Jean-Charles Brisard.
"C'est quelqu'un qui vient de Normandie, qui a une vingtaine d'années, qui s'est converti à son adolescence, donc assez tardivement, et qui très rapidement a participé à des opérations", poursuit le spécialiste du terrorisme. "C'est quelqu'un qui n'appartient pas à une brigade, connue en tout cas comme étant une brigade de francophones. C'est quelqu'un plutôt à l'écart des autres jihadistes français en Syrie et en Irak".
Ce jeune Normand, prénommé Maxime, est sans antécédents judiciaires. Il n'avait, dit-on, aucun problème psychologique. Son entourage le décrit comme quelqu'un de calme. Comment s'est-il donc trouvé embringué dans ces histoires ? "Dans son cas, le basculement est intervenu de manière assez longue", décrypte Jean-Charles Brisard.
On les montre parce qu'ils sont là pour mourir
"Il est inconnu des services de police. C'est vrai pour plus 50% des Français qui partent faire le jihad en Syrie. Il a un profil relativement classique, celui d'un converti inconnu des services de police, qui a subi un lavage de cerveau progressif et qui se retrouve, comme on le voit, malheureusement sur cette vidéo effectivement en train d'assassiner cet homme".
"On travaille sur l'hypothèse d'un second Français parmi les bourreaux de cette exécution collective", révèle-t-il, précisant que "tout ça est pour l'heure au conditionnel".
Le fait d'apparaître à visage découvert dans les vidéos est-il une nouvelle forme d'exhibition de l'Etat islamique ? "On protège les jihadistes de valeur, qui ont de l'importance, comme les chefs des bourreaux", explique Jean-Charles Brisard. "On ne protège pas, en revanche, les jihadistes étrangers. On estime que leur destin, c'est celui d'un martyr. Ils sont destinés à mourir tôt ou tard. Il n'y a donc pas de raison de masquer son visage".
