Une maison perdue, au milieu des champs en bordure de voie, une maisonnette de garde barrière pas très loin de Belfort où vit Yvette depuis 1948. "Je suis heureuse dans mon petit paradis" dit la dame, dans son paradis sans eau ni électricité. À 92 ans, sa vie est en train de changer. Dans une semaine, elle aura l'eau au robinet. Depuis 1948, elle doit actionner une manivelle dans sa salle de bain pour recueillir l'eau de pluie. Une vie a faire bouillir l'eau pour se faire à manger. Dans Le Républicain Lorrain, sa fille Paquerette raconte comment elle s'est battue pour que sa maman obtienne le confort, comme elle dit. "La révolution a commencé il y a 10 ans quand on a raccordé sa maison au réseau électrique. Yvette a remisé ses bougies et acheté un frigidaire."
Elle ne sait plus comment elle faisait "avant" : quand la télévision fonctionnait sur batterie, quand la température du fourneau était difficile à gérer. Elle vient d'apprendre qu'elle aurait l'eau courante en novembre. Le raccordement est offert par la communauté d'agglomération. Yvette est heureuse, quoi qu'il arrive. "J'ai choisi , dit la nonagénaire, de ne faire entrer que le beau et le bien dans ma tête, le reste je le laisse passer". Elle finit par reconnaître que tout de même, le progrès, "c'est une autre vie".
Est ce qu'on a changé la
vie des habitants de la banlieue 10 ans après les émeutes de Clichy Sous bois
qui avait débuté le 27 octobre 2005? La presse va se poser la question toute la
semaine. Pour L'Opinion, "10 ans après rien n'a
changé dans les cités". Le journal libéral rappelle que depuis 1977 et
le premier plan banlieue lancé par Jacques Barrot, près de 90 milliards
d'euros ont été investis dans la politique de la ville, dans un "incroyable
enchevêtrement sans cohérence de programmes et de périmètres. "
Selon Le Figaro, "le malaise grandit dans les banlieues". Le quotidien pointe le cocktail explosif mêlant échec scolaire, chômage et délinquance auquel s'est ajouté la montée de
l'islamisme.
Pour Yves Thréard comme pour beaucoup d'éditorialistes, ce qui prouve que rien n'a changé est ce qui s'est passé hier à Marseille. 3 morts dans une nouvelle fusillade, dans cette ville qu'on s'étonnait de voir épargnée par les émeutes de
banlieue en 2005. On expliquait alors que ce paisible microclimat était
du a la qualité du réseau associatif de la cité phocéenne. "C'était
évidemment une illusion" écrit l'éditoraliste du Figaro. "Qu'avons-nous raté
?" demande Yann Marec dans le Midi Libre. "Comment la France a-t-elle
pu laisser ses enfants dehors, aux mains du banditisme sanguinolent ? Pourquoi
la sécurité n'est-elle plus égale pour tous ?". "Ce sont des
décennies de déchéance, des quinquennats politiques indolores, des incantations
dans le vent qui ont fabriqué" ces zones de non-droit.
Libération a confié son numéro du jour aux journalistes du Bondy blog, blog né juste après les émeutes. "Libé au Karcher" est le titre
en une de ce numéro, dont il faut lire l'édito sans illusion signé des deux fondateurs du Bondy Blog. Ils se souviennent du formidable élan
qui avait accompagné le lancement de leur média, les invitations jusqu'aux États Unis pour en parler, les promesses d'investissement massif des grandes
entreprises, puis rien. Le Bondy Blog n'a pas connu l'explosion que
laissaient présager ses débuts. Le Bondy Blog est resté à Bondy. Comme les
banlieues il est observé de loin avec curiosité et parfois un brin de
condescendance.
Il y a 3 semaines, son visage et surtout sa chemise déchirée faisait le tour du monde. Xavier Brosetta figure à la une du Parisien/Aujourd'hui en France. Le DRH d'Air France, devenu quelques heures l'icone d'une France bloquée, pose dans une chemise blanche impeccable , courtois, souriant, mais aussi tendu, comme le précise le journal. Il se souvient de chaque minute de cette journée du 5 octobre. Le comité d'entreprise, les sms qui l'informent que des manifestants se rapprochent de la salle, jusqu’à un ultime message d'un collègue qui lui écrit "Évacuez!". Il se résout a quitter la salle.
Dehors sur la pelouse, "quelqu'un m'attrape par
derrière, tire le col de ma chemise, si fort que le bouton du col lâche. On me
tire fort vers l'arrière et moi je tire fort dans l'autre sens pour me dégager.
Tous les boutons sautent, ma chemise y reste", ajoute-t-il. "J'ai été le visage de la France, mais quel visage" dit le DRH d'Air France qui s'entretient régulièrement avec un psychologue.
Les journaux reviennent ce matin encore sur le drame de Puisseguin, ce drame qui mobilise en nous les grandes orgues de la compassion, , sur
"ces belles routes de France ou nous nous tuons les uns les autres comme
l'écrit Marie Louise Roubaud dans La Dépêche du Midi.
Au regard de
l'effroyable tragédie de Puisseguin, il y a un tout petit drame
dans l'édition seine et marne du Parisien. Dorothée a vu son chien
se faire écraser devant chez elle à Dormelles, un village de 840 habitants
traversé comme tant d'autres par une route et des voitures et camions lancés à pleine vitesse. Dorothée ne se remet pas de la mort de son
animal. Elle a tendu une bâche sur la façade de sa maison à l'adresse du
chauffard qui tue sans s''arrêter. "Viens partager ma douleur" dit la bâche. Pour
elle, cet accident est symbolique de l'insécurité qui règne dans nos villages,
ça aurait pas arriver a un enfant dit elle.
Elle interpelle aussi les pouvoirs publics pour faire ralentir les automobilistes qui traversent Dormelles. Des panneaux, des dos d’ânes, ça coûte cher aux petites communes mais il y a un élu qui a trouvé une autre solution : le président de l'association des maires ruraux de seine et marne a décidé de réintroduire des canards dans un petit ruisseau... les canards se baladent ensuite dans la rue et du coup les automobilistes ralentissent, aucun canard n'a jamais été blessé.
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