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La visibilité, nouvelle monnaie d'échange ?

REPLAY - BILLET - Un nouveau moyen de rémunération, basé sur la publicité et la notoriété, qui inquiète Guillemette Faure.

Guillemette Faure
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On a maintenant une nouvelle monnaie d’échange : la visibilité. On a vu cela d’abord dans le monde de la culture. Les musiciens, les écrivains, des peintres entendent : "désolé, on ne peut pas vous payer mais travaillez pour nous ça vous fera de la visibilité…" Une graphiste me racontait qu’on lui avait demandé une illustration gratuite en lui disant "ça te fera de la publicité". "C’est sympa", a t-elle répondu, "mais la publicité c’est mon métier". Un boulanger dans une soirée d’entreprise m’a avoué être là gratuitement parce qu’on lui avait promis de mettre son nom sur une affichette à côté de ses baguettes. Lui aussi, payé en visibilité.

Certains secteurs sont encore protégés. Personne ne demande encore à un plombier de réparer gratuitement un lavabo en disant :  "avec le nombre de gens qui viennent se laver les mains chez moi, ça vous fera de la visibilité…". Le problème de cette monnaie, c’est qu’elle n’est pas acceptée partout. Personne ne peut payer son loyer en visibilité… Ceux qui font ce type d’offre le savent bien. Eux sont rarement payés en visibilité.

Le bénévolat, toujours tentant ?

Et pourtant c’est tentant d’accepter. Surtout quand on est désespéré de travailler. Parce que toute expérience est bonne à prendre. Parce qu’on peut avoir l’impression qu’on offre du travail qu’à ceux qui ne travaillent déjà. Et puis parce que le monde selon Google nous a rendu obsédé de visibilité, de référencement. C’est ce qui fait qu’un hôpital prestigieux peut payer ses chercheurs jeunes ou étrangers moins cher sous prétexte que ça leur fait une belle carte de visite. 

Le plus préoccupant, c’est que ceux qui utilisent ces systèmes se convainquent que tout le monde y trouve son compte. Enfin, jusqu’à ce qu’ils aient eux-mêmes des enfants qui entrent dans le monde professionnel. À 20 ans, on les prend en stage pour six mois en leur disant que ça leur mettra le pied à l’étrier. Et à 30 ans, on les fait bûcher pour des clopinettes en leur promettant de la visibilité. Voilà comment ils travaillent gratuitement pour un avenir qui recule sans cesse. 

Cela ne veut pas dire que tout travail doit être payant. Cela peut être génial de donner de son temps à un projet associatif. Cela s’appelle du bénévolat.  Pourquoi ne pas l’appeler ainsi ?  Le problème, c’est le mélange des genres, quand on sollicite des prestations professionnelles sans s'en rendre compte. On en a eu un aperçu l’an dernier. Le magazine Biba avait organisé un concours pour dessiner une pochette… la gagnante aurait eu la joie d’avoir sa pochette imprimée... "Cela s'appelle du travail", ont répondu les graphistes. Après le vacarme provoqué sur les réseaux sociaux, le magazine a annulé son concours. Voilà la solution : un observatoire des entreprises qui paient en notoriété. Parce que rendre visible l’arnaque de la promesse de visibilité, c’est la seule manière de la déjouer.

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