Le 21 juin prochain, pour la première fois, le musée du quai Branly fondé par l’ancien président va consacrer une exposition à Jacques Chirac. L’exposition est déjà bien avancée. Les 150 œuvres d’art ont déjà été sélectionnées. Le parcours commencera par un scandale, par les photos de zoo humains du jardin d’acclimatation de Paris à la fin du XXIème siècle. Quand on exposait, oui, des êtres humains, venus du bout du monde d’Afrique ou d’Amérique sud, pour que les Parisiens, qui accouraient en masse, viennent les toucher, les palper, et pour démontrer surtout la soit-disante supériorité des occidentaux sur toutes les autres civilisations.
L’exposition débutera donc par ce choc pour ensuite expliquer combien ces civilisations qu’on a tant méprisées, ces peuples qu’on a massacrés ont apporté à notre Humanité. Vous verrez donc ces 150 objets qui ont soit un lien à Jacques Chirac, soit qui ont influencé ses choix : une vielle édition de La métamorphose des dieux d’André Malraux. Une parure d’indien rapportée d’Amazonie par Claude Levi Strauss pour évoquer la rencontre entre l’ancien président et le grand maître de l’anthropologie. Des sculptures d’Antoine Paucard, un quasi inconnu, paysan inspiré par l’Afrique qui a taillé des stèles dans le granit de Corrèze, le fief des Jacques Chirac. Vous verrez un Cernunnos, une figure celtique, à 3 têtes exposée en face d’une trinité chrétienne et d’une œuvre polycéphale africaine pour faire dialoguer les civilisations car l’exposition s’intitule Jacques Chirac et le dialogue des cultures.
L’idée c’est de redessiner le cheminement intellectuel et culturel d’un président qu’on a longtemps pris pour un beauf, parce qu’il a tout fait pour. On pensait qu’il n’aimait que les marches militaires et le cul des vaches du salon de l’agriculture alors que son plus grand bonheur était de recevoir le soir, à l’Elysée, un archéologue pour parler de sa dernière découverte. Alors qu’il était capable de dater n’importe quels bronzes archaïques de la Chine ancienne. Jean-Jacques Aillagon a découvert le secret de Jacques Chirac à la Mairie de Paris. Puis il a été ministre de la Culture. Il est devenu logiquement le commissaire de cette première exposition Chirac.
Il "était" il "est", Jean-Jacques Aillagon est tenté de parler de Jacques Chirac au passé comme si l’ancien président n’était plus de notre monde. Ce qui est un peu le cas. Ses proches tentent d’entretenir l’idée qu’il suit l’actualité politique mais ses moments de lucidité seraient en réalité de plus en plus rares. Jean-Jacques Aillagon n’a pas pu, par exemple, discuter avec lui du choix des œuvres pour la première exposition qui lui ait consacré... au musée du Quai Branly, justement le musée voulu par Jacques Chirac.
François Mitterrand a construit la Pyramide du Louvre puis la grande bibliothèque qui porte son nom. Jacques Chirac a fondé le musée des civilisations non occidentales. L’exposition de Jean-Jacques Aillagon l’été prochain marquera le dixième anniversaire de l’inauguration du musée du quai Branly. Qui, quand il aura perdu son fondateur, s’appellera le musée Jacques Chirac.
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