Il se présente comme "l'homme à tout faire" de l'avionneur. Un comptable suisse, entendu début octobre par les juges enquêtant sur les soupçons d'achat de voix à Corbeil-Essonnes, leur a décrit comment, selon lui, il a remis pour 53 millions d'euros au maire de la ville, l'industriel Serge Dassault entre 1995 et 2002.
Libération et France Inter révèlent ce mardi 18 novembre le procès-verbal d'audition dans lequel cet homme décrit le dispositif qui aurait permis à l'avionneur de recevoir à Paris de l'argent liquide depuis le Liechtenstein et la Suisse. Tel que décrit par le proche de l'avionneur, le système était bien rôdé.
Au centre du dispositif, une société financière genevoise, Cofinor, une chambre de compensation dont la spécialité était, selon une description faite il y a quelques mois auprès de l'AFP par un enquêteur, d'envoyer "où vous voulez dans le monde votre argent que vous lui remettez en Suisse".
Le liquide que Gérard Limat dit avoir apporté à Serge Dassault à Paris était initialement puisé sur des comptes au Liechtenstein, au Luxembourg ou en Suisse, avant d'arriver sur les comptes genevois de Cofinor. Dès lors, Gérard Limat, entendu les 6 et 7 octobre par les enquêteurs, décrit la suite du circuit qu'empruntaient ces fonds, selon les PV révélés par Libération et France Inter.
"Cofinor me donne un rendez-vous pas trop loin de l'Arc de Triomphe", le livreur "me remet un sachet en plastique passe-partout (Carrefour, Dior, Fnac, etc.), lequel contient l'argent en numéraire entouré de papier journal. Ce n'était que des liasses de billets de 100 euros".
"Je ne voyais jamais l'argent puisque j'allais directement au rond-point" des Champs-Elysées, siège du groupe, "je montais dans le bureau de Serge Dassault, je posais le sac dans un coin de son bureau et immédiatement, on parlait d'autre chose", a raconté Gérard Limat aux enquêteurs. "Je n'ai jamais posé de questions et Serge Dassault ne m'en a jamais rien dit", a-t-il encore dit. L'industriel "me disait qu'il avait besoin de me voir, je comprenais qu'il avait besoin d'argent liquide", selon la déposition du comptable.
Mis en examen pour complicité de financement de campagnes électorales et d'achat de votes et blanchiment, celui qui décrit Serge Dassault comme un "ami" n'établit pas de lien entre ces livraisons d'argent liquide et l'achat présumé de voix à Corbeil-Essonnes entre 2008 et 2012, objet de l'enquête des juges financiers.
Selon Libération, les enquêteurs soupçonnent le blocage de ce système par les banques en 2010 - suite à l'adoption de dispositions concernant la lutte contre le blanchiment d'argent - d'être à l'origine de la création de la société Iskandia au Liban, pour disposer de liquidités et récompenser des acheteurs de voix présumés après les élections municipales de 2012 à Corbeil.
Âgé de 89 ans, Serge Dassault avait été mis en examen en avril pour "achat de votes", "complicité de financement illicite de campagne électorale" et "financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé". S'il a reconnu des dons, Serge Dassault a toujours réfuté avoir acheté des voix d'électeurs lors des municipales de 2008, 2009 et 2010. Sollicité lundi soir par l'AFP, son avocat n'avait pas donné suite.
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