L'Afrique du Sud a annoncé par le biais de sa ministre de l'Environnement mardi 12 août son intention d'évacuer plusieurs centaines de rhinocéros du célèbre parc Kruger pour tenter de les soustraire au braconnage qui décime l'espèce depuis plusieurs années.
Les centaines animaux seront capturés et envoyés vers d'autres réserves du pays plus sures, ou à l'étranger.
"Nous pourrons en déplacer jusqu'à 500", a précisé Sam Ferreira, scientifique attaché à SANParks (Parcs nationaux sud-africains).
Lors du dernier recensement réalisé en 2013, la population des rhinocéros dans l'immense parc Kruger était estimée entre 8.400 et 9.600 individus. Sur les six premiers mois de l'année 2014, 370 rhinocéros y ont été tués (pour 558 rhinos dans l'ensemble de l'Afrique du Sud), essentiellement par des braconniers venant du Mozambique frontalier.
Pour éviter d'être repérés, ces braconniers utilisent souvent des anesthésiants et non des armes à feu pour immobiliser les rhinocéros. Ils les décornent à la hache, vivants. L'animal se réveille ensuite et meurt d'une longue agonie des suites de sa blessure.
Le braconnage s'est généralisé à la fin des années 2000, quand la demande pour la corne de rhinocéros a brutalement explosé, essentiellement au Vietnam et en Chine. En 2013, l'Afrique du Sud a franchi la triste barre de 1.000 animaux tués alors qu'en 2007 seuls 13 rhinocéros avait été abattus.
La poudre de corne se vend aujourd'hui à prix d'or (50.000 euros le kilo) sur le marché noir de la médecine asiatique, où on lui prête différentes vertus, jamais démontrées par la science.
Jusqu'à présent, l'Afrique du Sud avait déployé des moyens militaires dans le parc pour tenter de dissuader les braconniers. Mais l'ampleur du massacre a poussé le gouvernement à envisager d'autres moyens.
Le transport des rhinocéros est une procédure spectaculaire. Situés dans des zones souvent incessibles en voiture, les animaux sont endormis puis transportés sous un hélicoptère. Ces placides herbivores peuvent peser plus d'une tonne mais sont très faciles à approcher - et donc à tuer.
Ce déplacement n'est que l'un des volets du plan de sauvegarde de l'espèce annoncé mardi par la ministre Molewa. La lutte contre le braconnage continuera de s'intensifier, a-t-elle indiqué.
Interrogé sur le coût de l'opération, le directeur des services vétérinaires à SANParks, Markus Hofmeyer, a indiqué que la capture d'un rhinocéros revenait en moyenne à environ 1.000 euros, en coût de main d'oeuvre et de produit anesthésiant, mais hors coût du transport.
Le coût peut être fortement alourdi, a-t-il concédé, s'il est nécessaire d'utiliser un hélicoptère pour pister l'animal. "Nous estimons pouvoir capturer 6 à 8 animaux par jour pendant les mois les moins chauds", a affirmé le vétérinaire.
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