Salon de l'Agriculture : les politiques à l'épreuve du jugement de la France rurale
DÉCRYPTAGE - Le poids économique et l'importance accordée par les Français à leur agriculture font du Salon un événement incontournable pour les politiques.
L'image de Jacques Chirac paradant triomphalement dans les allées du Salon de l'Agriculture hante probablement l'esprit des responsables politiques qui, cette année encore, arpentent les lieux et voguent de stand en stand. Ils sont chaque année très nombreux à se rendre à cet événement incontournable, qualifié de "salon préféré des Français".
Le poids économique de l'agriculture
Il faut dire que l'enjeu est de taille. La France agricole n'est pas un détail dans le paysage français. L'Hexagone compte 515.000 exploitations agricoles pour 849.000 emplois directs auxquels s'ajoutent les emplois liés, tels que les 415.000 postes dans l'industrie agroalimentaire. Selon la Chambre de l'agriculture, pour un emploi direct dans l'agriculture, cinq emplois induits sont créés.
Mieux, la France est le premier producteur agricole européen (production globale de 61 milliards d'euros, soit 18,5% de la production européenne), devant l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Les produits agricoles et agroalimentaires représentent 9% des importations nationales et 13% des exportations. L'importance économique de l'agriculture est d'autant plus grande que ce sont actuellement 50.000 emplois salariés qui sont à pourvoir dans les différentes filières.
Se montrer au Salon de l'Agriculture, afficher sa compréhension du secteur, de ses enjeux et sa volonté de protéger cette "exception française" est donc essentiel. Le Salon de l'Agriculture est le rendez-vous de la fierté française et c'est cette défense farouche de l'agriculture qui a permis à Jacques Chirac d'afficher une telle cote de popularité auprès d'une France rurale qui représente tout de même 86% du territoire métropolitain.
De la popularité à la clé
Prendre le temps de goûter les produits, discuter avec les producteurs et admirer les bêtes exposées est devenu un passage obligé que certaines personnalités n'ont pas toujours maîtrisé. Ainsi Nicolas Sarkozy a-t-il été vivement critiqué pour avoir traversé le salon en deux heures et au pas de course alors qu'il succédait à un homme qui prenait le temps de féliciter les bovins, "ces œuvres d'art".
François Hollande marche d'ailleurs sur les traces de son camarade corrézien en qualifiant un Bergerac rouge de "bombe". De simples mots qui flattent l'orgueil d'une France attachée aux innombrables produits de son terroir. Mais jouer le jeu ne suffit pas. "Ce n’est pas simplement en allant au salon, en déambulant pour regarder, en tapant sur le cul des vaches, qu’on défend l’agriculture", taclait José Bové en 2007.
Aux politiques en goguette de démontrer leur attachement à la terre et à l'agriculture nationale. Un exercice parfois difficile pour des personnalités politiques qui ne maîtrisent pas toujours le sujet. Tout l'inverse de Jacques Chirac.
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