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Financement du FN : la justice s'intéresse aux sites internet des candidats frontistes

Les juges soupçonnent le parti d'avoir conçu un système verrouillé avec des sites internet et des kits de campagne facturés au prix fort et remboursés par l'État.

Axel Loustau est le trésorier de "Jeanne", le micro parti de Marine Le Pen soupçonné d'irrégularités dans le financement du FN.
Crédit : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Geoffroy Lang & AFP
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Depuis 2011, le coût des sites internet de campagnes électorales du Front national fait tiquer la Commission des comptes de campagne, d'anciens candidats ou encore les enquêteurs dans le dossier du financement du Front national. 800 euros par exemple en 2011 pour la "conception, personnalisation et mise à jour" du site internet d'un candidat aux cantonales, jusqu'à 2.200 euros en 2014 pour celui d'un aspirant frontiste à la mairie d'une grande ville.

Pour sa défense, le parti d'extrême droite met en avant la complexité des prestations mises en cause. Ces sommes n'ont rien d’extravagantes si on les considère individuellement. Mais le coût du modèle standard est démultiplié par centaines voire milliers de candidats frontistes avec, comme seules évolutions le nom, la photo du candidat, le contenu du site, et non pas sa structure. L'absence d'économies d'échelle dans la facturation de ces prestations entraînent de nombreuses suspicions.

Dix mises en exaùmen dans l'enquête sur le financement du FN

Les investigations sur le financement du parti et les législatives de 2012 ont soulevé des questions sur "l'utilité réelle pour le candidat et le prix" de ces sites, explique à l'AFP une source proche de l'enquête. En trois ans, dix mises en examen ont été prononcées, dont le FN, son trésorier Wallerand de Saint Just et un vice-président, Jean-François Jalkh. Les juges soupçonnent le parti d'avoir conçu un système global, au-delà des sites internet, verrouillé avec des kits obligatoires et forfaitaires, facturés au prix fort par un prestataire de service, Riwal, dirigé par un proche de Marine Le Pen, à Jeanne, le micro-parti de la patronne du FN. Tout le monde y gagne sauf l'État, qui rembourse les frais au-dessus de 5% des voix.
                                      
Pour les législatives, 525 candidats ont souscrit au "kit" avec un site internet "personnalisé" à 1.800 euros, soit 945.000 euros de coût global. "1.800 euros pièce, je ne tombe pas de la chaise. Pour tout le boulot qui est derrière...", balaie Axel Loustau, trésorier de Jeanne.  Le sénateur-maire du Var, David Rachline, proche du patron de Riwal, Frédéric Chatillon, et référent de l'internet frontiste en 2012, répond aussi : "Nos sites coûtent beaucoup moins cher que ceux faits par les boîtes de com' de nos concurrents. Au rendement prix-efficacité, on est en tête : cette question du coût est subjective".

1.800 euros pièce, je ne tombe pas de la chaise

Axel Loustau, trésorier du micro parti Jeanne

Au Front national, on souligne aussi le coût de l'élaboration, de l'actualisation et de la sécurisation de ces sites, même si plusieurs dirigeants d'entreprises spécialisées en création de pages web interrogés par l'AFP jugent ces sites fonctionnant avec le système Wordpress techniquement simples et peu sécurisés. Outre les juges, des candidats de l'époque, désormais en rupture de ban avec le parti, se sont aussi interrogés. "Ils nous ont fait un site obligatoire mais ça donnait sur rien du tout", explique Marie-Claude Aucouturier, candidate dans les Bouches-du-Rhône. "On ne l'a jamais reçu", déplore aussi Marie-Anne Haas (Finistère).

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Benoît Girard, candidat dans les Ardennes, avait lui "reçu" le site, mais comme d'autres candidats, il a été "surtout interpellé par les 1.800 euros pour un truc qui a dû revenir à quelques centaines d'euros au niveau national. J'ai joué le jeu, j'ai alimenté le blog et quand on contactait le siège pour avoir des renseignements, il y avait quelqu'un au bout de la ligne. Mais 99% des candidats ne l'ont même pas utilisé : les pages ne renvoyaient sur rien".
                                      
Outre les juges, la Commission des comptes de campagne (CNCCFP) s'est penchée sur le sujet en contrôlant les comptes des européennes 2014, questionnant le FN sur le coût "excessif" de son dispositif en ligne et sur d'éventuelles "doubles facturations". Le parti, Riwal et Jeanne se sont expliqués en septembre 2014. Riwal a ainsi facturé 128.000 euros à l'ensemble des candidats frontistes dans les sept circonscriptions dont 19.000 euros pour un site portail, 18.000€ pour six sites dont seul le contenu (euro, traité transatlantique, etc.) différait, 30.000 € pour deux applications Facebook, 8.000€ d'hébergement (le prix maximal annuel chez le Français OVH, leader européen du secteur, est d'environ 600€), etc.

Le Front national veut intensifier sa stratégie numérique

À cela se sont ajoutés 12.000 euros par candidat pour des sites internet personnalisés, sachant que par exemple Aymeric Chauprade (tête de liste Île-de-France) ou Jean-Marie Le Pen (Sud-Est) ont par ailleurs rémunéré, pour des prestations liées à des sites internet, des proches, certains devenant ensuite assistants parlementaires. Malgré ces interrogations fréquentes, le FN, qui revendique une position de pionnier sur la toile, ne compte pas lever le pied. "Si je suis en charge de ces questions" lors de la campagne 2017, "je vais militer à fond pour qu'on augmente ces budgets" stratégiques, indique ainsi David Rachline, "Monsieur internet" du parti.

Et ces soupçons de surfacturation ont touché d'autres cibles politiques : la société Bygmalion s'est défendue en juin 2014 d'accusations similaires lancées par le Canard enchaîné. Ségolène Royal avait aussi démenti en 2009 des informations de L'Express selon qui la page guère aboutie de son mouvement "Désirs d'avenir" avait été facturée 41.000 euros par une société prestataire dirigée par son compagnon d'alors.

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