A400M : Airbus reconnaît "un sérieux problème" d'assemblage

Les résultats de l'enquête ne sont pas encore connus. Mais l'avionneur a d'ores et déjà étudié le contenu des boîtes noires. Leur analyse confirme "un sérieux problème dans l'assemblage final", selon un haut responsable d'Airbus, cité par le journal allemand Handelsblatt ce vendredi 29 mai. L'avion militaire A400M s'est écrasé le 9 mai en Espagne, faisant quatre morts. 

"Les boîtes noires le confirment. Il n'y pas de défaut structurel, mais nous avons un sérieux problème de qualité dans l'assemblage final", explique Marwan Lahoud, directeur de la stratégie du groupe aéronautique européen, après avoir eu connaissance des analyses des boîtes noires de l'appareil. Le programme de contrôle des moteurs a été mal installé au moment de l'assemblage final, ce qui a pu conduire à une panne de moteurs et au crash, écrit le Handelsblatt.

"Nous avons pris connaissance pour la première fois hier (mercredi) des résultats, ils confirment nos analyses internes", indique Marwan Lahoud au quotidien des affaires allemand.

Attendre les conclusions des enquêteurs

Airbus DS, la division d'Airbus chargée de la défense et de l'espace, a toutefois estimé qu’il fallait attendre la fin de l’enquête pour réellement connaître les causes de l’accident.

"Nous aurons besoin de tous les résultat de l’enquête pour avoir une vision d'ensemble", a dit une porte-parole d'Airbus DS à l'AFP. "Donc, tant que le CITAAM (le bureau d’enquêtes et d’analyses aéronautique espagnol, ndlr) n'a pas communiqué (à ce sujet), il est trop tôt pour déterminer les causes de l'accident du MSN23", le numéro de série de l'appareil qui s'est écrasé à Séville. Selon la porte-parole, "comme pour tout accident, ce sera probablement une combinaison de facteurs et non une cause unique".

Les avions en service ont été vérifiés

Elle assure qu'Airbus DS "soutient l'enquête et est en train d'analyser tous les éléments qui ont pu contribuer à l'accident, y compris les différentes opérations autour de l'assemblage de l'appareil, les moteurs et les préparatifs pour le premier vol".

Airbus DS affirme également que les avions en service, qui ont subi des vérifications à la suite d’une note d'alerte il y a quelques jours, "sont à 100% protégés face à cette panne".

Contrôles réguliers préconisés

Le 19 mai, Airbus avait déjà ordonné à ses clients une inspection de leurs A400M, leur adressant une note d'alerte pour leur demander de contrôler le système de gestion électronique des moteurs.

Dans cette note, il était demandé aux "exploitants d'effectuer des contrôles spécifiques et réguliers de l'ECU (l'unité de contrôle électronique, ndlr) sur chaque moteur de l'avion avant le vol et d'effectuer des contrôles supplémentaires après un éventuel remplacement de moteur ou de l'ECU". Mais Airbus n'avait pas établi de liens entre ce problème potentiel et l'accident.

Vols suspendus

L'avion qui s'est écrasé effectuait un vol d'essai avant sa livraison à la Turquie, qui était prévue pour juillet. À la suite de cet accident, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Turquie et la Malaisie avaient suspendu les vols des appareils en service.

L'enquête est menée par les autorités militaires espagnoles, précisément par la CITAAM (Commission d'enquête technique des accidents des aéronefs militaires), qui devra présenter ses conclusions au juge d'instruction saisi du dossier.

Le programme à l'arrêt

Le crash de cet A400M a constitué un nouveau coup dur pour ce programme qui a accumulé retards et surcoûts.

Au total, 174 A400M ont été commandés par huit pays : Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg, Turquie et Malaisie. Douze seulement sont en service à ce jour. 

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