Les législateurs californiens ont conclu un accord lundi 28 mars pour une augmentation de 50% du salaire horaire minimum sur les six prochaines années, qui devrait porter la rémunération minimale horaire de 10 dollars à 15 dollars en 2022, et même en 2018 pour la ville de San Francisco. C'est beaucoup plus qu'un coup de pouce. C'est important pour deux raisons.
D'abord, c'est bien souvent la Californie qui préfigure des évolutions qui se propagent ensuite dans tous les États-Unis. Aujourd'hui, le salaire minimum fédéral est de 7,50 dollars, c'est donc nettement en-dessous. Ensuite, cette augmentation témoigne de l'attention croissante que les Américains portent aux inégalités.
Notre Smic est aujourd'hui à 9,76 euros de l'heure, c’est-à-dire un peu moins de 11 dollars. C’est-à-dire que notre salaire minimum est à peu près au niveau de son homologue californien actuel. Mais le Smic français est augmenté, lui, de 0,6% seulement cette année. Rien à voir avec la Californie.
Il y a une prise de conscience récente de la lutte contre les inégalités. Elle se voit bien sûr avec cette législation californienne, mais aussi chez McDonald's, l'un des premiers employeurs de travailleurs non qualifiés avec ses fast-foods, qui s'est engagé à remonter les salaires dans tous ses magasins jusqu'à 10 dollars.
Walmart, la grande chaîne de supermarchés et premier employeur privé américain, a lui aussi annoncé qu'il allait passer 500.000 de ses salariés à 10 dollars de l'heure, soit une augmentation de plus de 30%. La chaîne d'habillement Gap a fait la même chose. Ikea vient d'augmenter ses employés de 17%, pour les porter à 10,80 dollars de l'heure.
On ne s'intéresse pas aux inégalités par altruisme, mais au contraire par intérêt
François Lenglet
Longtemps les inégalités ont été envisagées sous l'angle moral. C'est une approche qui ne porte pas tellement aux États-Unis, où l'on considère que les différences énormes de fortune sont légitimes, parce qu'elles reflètent aussi des différences de talent et de travail. Aujourd'hui, c'est plutôt sous l'angle économique que le sujet revient.
Si les revenus de millions de travailleurs sont trop faibles, ils ne pourront pas faire tourner suffisamment la machine économique, la croissance sera trop faible et c'est un problème pour toute l'Amérique. En gros, on ne s'intéresse pas aux inégalités par altruisme, mais au contraire par intérêt. Comme Henry Ford, qui augmentait ses ouvriers d'abord pour vendre plus de voitures.
Cette question a un écho dans la campagne électorale présidentielle. Et ce dans les deux partis. Chez les Républicains, l'essor de Donald Trump, le candidat populiste, s'explique largement par les inégalités économiques et la frustration que génère une reprise sans augmentation de salaire.
Chez les Démocrates, on a vu émerger un candidat socialiste, Bernie Sanders, qui propose à la fois des impôts plus lourds pour les riches et un salaire minimum à 15 dollars au niveau national. C'est lui qui a gagné haut la main les trois élections primaires du week-end dernier. Même si c'est Hillary Clinton qui obtient l'investiture démocrate, elle sera donc obligée de reprendre les thèmes de campagne de son rival actuel.
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