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Isabelle Morini-Bosc : "Le sondage lancé sur le compte Twitter de 'Plus Belle La Vie' a indigné le public"

ÉDITO - La série à succès "Plus Belle La Vie" a fait l'objet d'une polémique suite à une scène de viol.

La scène de viol dans "Plus belle la vie" à l'origine de la polémique
La scène de viol dans "Plus belle la vie" à l'origine de la polémique
Crédit : Capture Dailymotion / France 3
Isabelle Morini-Bosc

Pour les scénaristes de Plus Belle La Vie, la vie n'est justement momentanément pas plus belle. L'astuce semble certes trop facile et je n'aime pas le suivisme médiatique mais la petite tempête en cours est tout de même révélatrice de plusieurs points de détails. Alors puisque les médias en sont depuis lundi 29 février tout retournés, commençons précisément par voir de quoi il retourne.

Au départ nous avons un feuilleton quotidien à succès diffusé le soir sur France 3. Pour durer il doit, "être en phase avec les préoccupations des français" et se nourrir de plusieurs "faits": les faits divers polarisants (donc avec un effet polar, polarisant justement l'attention). Les faits de société, voire les méfaits de société qui, touchant les héros du feuilleton, nous concernent tous. C'est obligatoire pour être en phase avec un public qui suit au moins une fois par jour un JT brassant les heurs et malheurs du monde, sans parler des émissions sur les problèmes de tous ordres et de tous désordres.

Un scénario inspiré de la vie réelle

Dès le démarrage en 2004, les scénaristes prennent la température du pays pour concevoir les intrigues, et intègrent le calendrier du moment de la diffusion en écrivant les situations un mois plus tôt. Lors des élections de 2007, on se souvient des deux fins tournées, Sarkozy président d'un côté, Ségolène présidente de l'autre. Plus Belle La Vie tient légitimement depuis dix ans à ce label connecté à la vie. Sauf qu'il faut aujourd'hui être connecté tout court, les téléspectateurs devenant chaque jour davantage des acteurs du quotidien. Qu'on sollicite. Qu'on chouchoute. Qui s'expriment. C'est là que notre connaissance du français est importante. Soyons francs, notre langue, nous la simplifions de plus en plus puisque nous la connaissons de moins en moins. Et qui dit simplification de la parole finit par dire simplification de la pensée puis de la sensibilité. C'est comme l'estomac, moins tu manges, plus il se rétrécit, moins tu as faim.

Or, moins nous somme subtils, moins nous saisissons les subtilités. Cela joue d'ailleurs dans les deux sens : quand on ne connait plus les mots, on leur donne parfois un sens aggravé, un sens interdit qu'ils n'ont pas. Résultat, à force de réfléchir avec des "GPS cérébraux", il arrive que ça coince. C'est arrivé après cet épisode de Plus Belle La Vie il était question du viol conjugal dont était victime la professeur de maths Coralie, une jolie femme de tête permettant de prouver que ça n'arrive pas qu'à des êtres faibles.

Un sondage déplacé

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Briefés entre autres par le collectif féministe contre le viol, les auteurs avaient travaillé avec la rigueur que la situation exigeait. Et avec un sens de la nuance hélas oublié dans le sondage lancé sur le compte Twitter du feuilleton de France 3. "Qu'avez-vous pensé de la scène de viol conjugal diffusée hier soir ?". Trois réponses possibles : "J'ai été horrifié", "Coralie l'a cherché" et "Ce n'est pas un viol". Les retours ont été immédiats, entre le public légitimement indigné par un tel libellé, et celui qui a cru légitimée son opinion selon laquelle Coralie l'avait bien cherché.

Le site a bien évidemment retiré le sondage, et si l'erreur est humaine (la faute aussi), celle-ci arrive à point nommé pour nous rappeler que les termes ont un sens, qu'ils permettent de s'exprimer en finesse, et qu'il vaut mieux savoir les manier. On a aussi le devoir d'analyser maintenant la violence de certains des messages reçus. Ils prouvent la nécessité d'agir. Comme dit l'autre, la laideur du thermomètre n'empêche pas l'obligation de lutter contre la fièvre.

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