Vous connaissez le principe de la patate chaude ? On vous lance dans les mains une pomme de terre brûlante que vous refilez aussitôt à une autre personne. Certains dossiers sont ainsi de vraies "patates chaudes. À un détail près : dans les médias, ce sont moins les patates que les sujets qui sont brûlants, et "l'affaire Morandini" en est une illustration.
Pas question d'évoquer ici la mise en examen de l'animateur pour "corruption de mineurs aggravée". Selon la formule consacrée, la justice, comme la rivière, suit son cours, laissons-là donc juger ceux qu'elle soupçonne justement de nager en eaux troubles. Vous m'avez en revanche demandé pourquoi, outre l'antenne, je n'avais pas encore évoqué le "sujet" dans ce billet. Pourquoi ? À cause - précisément - de la patate chaude ! Nous avons en effet eu tant de "conflits professionnels" au fil des années, Jean-Marc et moi, que j'ai préféré "donner du temps au temps". Ces conflits, je ne les ai jamais initiés ni voulus. Comme tant de confrères-médias qui, n'étant pas avec lui sur RMC ou Europe1, étaient dans son esprit contre lui. Dommage.
Il m'est en effet arrivé d'avoir de la sympathie pour ce journaliste, qui n'en avait alors pas pour moi. Oui, nous étions soit des vassaux soit des rivaux. Il lui était surtout impossible de concevoir que tous ne veulent pas du "scoop à tout prix". Lui rendait, en effet et en revanche, tout exclusif. Surtout ce qui ne l'était pas, ou qui venait d'"ailleurs". Qui a oublié cette phrase du journal Libération disant "Jean-Marc Morandini, l'homme qui vous vendrait pour exclusive l'heure qu'il est" ? Cela n'enlevait rien - et n'enlève toujours rien - à son vrai talent de débatteur et de vulgarisateur.
La présomption d'innocence nous impose de ne pas le considérer comme coupable ni de le traiter comme tel, mais elle n'impose à personne son maintien sur l'antenne
Isabelle Morini-Bosc
Au point que, différends ou pas, je l'ai à plusieurs reprises soutenu publiquement... Je trouve de la même façon, très intéressant son magazine Crimes sur NRJ12. Faut-il pour autant cautionner son retour dans la lucarne de iTélé? Mais non. La présomption d'innocence nous impose de ne pas le considérer comme coupable ni de le traiter comme tel, mais elle n'impose à personne son maintien sur l'antenne ! Que son patron Vincent Bolloré ait une nouvelle fois, par amitié et fidélité, voulu le remercier pour avoir rejoint Direct 8 à une époque où aucune vedette ne voulait y aller, ça se comprend. Je comprends moins que l'animateur-producteur mette sa direction en porte-à-faux en "s'incrustant" sur une chaîne déjà sous perfusion et en perte de crédibilité. Grévée et gréviste.
C'est dire si on est a fortiori estomaqués de voir le même Jean-Marc Morandini inaugurer sa quotidienne avec un sujet consacré à New York unité Spéciale, une série axée... sur les abus sexuels concernant des mineurs ! Il s'impose là en champion de "ce qui ne se fait pas et qu'il fait quand même" ! Eut-il été "à la rue" sans l'antenne ? Non, puisqu'il reste un producteur et un blogueur confirmés.
Mais voilà, "draguer la caméra", c'est comme prendre une drogue dure, désormais à 9 heures le matin sur la chaîne, devenant ainsi le concurrent de son successeur sur Europe 1. Ultime pique ! On citera en conclusion Laurent Ruquier qui, comme moi, déteste hurler avec les loups, mais s'est tout de même demandé "ce qu'aurait fait Jean-Marc Morandini si l'un de nous s'était trouvé à sa place" (on n'ose dire dans sa position). À votre avis ?
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