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"Charlie Hebdo" : Zineb El Rhazoui accable la nouvelle direction

Récemment mise à pied puis réhabilitée, la journaliste mène la fronde contre les dirigeants du journal, plongé en pleine crise depuis le drame de janvier.

Zineb El Rhazoui le 26 mai 2015 à Oslo en Norvège.
Zineb El Rhazoui le 26 mai 2015 à Oslo en Norvège.
Crédit : VIDAR RUUD / NTB SCANPIX / AFP
La rédaction numérique de RTL & AFP

La journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui n'a pas fini de faire parler d'elle, bien que la direction de l'hebdomadaire ait annulé son licenciement. Pour celle qui mène une fronde contre la nouvelle direction, l'hebdomadaire doit échapper aux griffes des "bureaucrates", arrivés à sa tête après le carnage qui a décimé la rédaction, et "se réinventer". 

Cible récente d'une procédure de licenciement avortée, la sociologue franco-marocaine de 33 ans admet que le journal satirique va mal depuis le massacre du 7 janvier qui a fait 12 victimes, dont dix collaborateurs et proches de la publication. Mais elle estime qu'il pourrait difficilement en être autrement.

Comment veut-on qu'un journal qui a essuyé un cataclysme pareil aille bien ?

Zineb El Rhazoui, journaliste à "Charlie Hebdo"

"Comment veut-on qu'un journal qui a essuyé un cataclysme pareil aille bien quatre ou cinq mois après ?" confie-t-elle dans un entretien accordé le 26 mai à l'AFP, en marge de l'Oslo Freedom Forum, une conférence rassemblant chaque année en Norvège des militants de la paix et des droits de l'Homme.

D'autres départs après celui de Luz ?

"Beaucoup n'ont plus le courage de retourner dans une rédaction où il y a un vide énorme laissé par ceux qui sont partis. Et puis il y a le départ de Luz qui est un membre très important de l'équipe", ajoute la jeune femme, très volubile.

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Dessinateur emblématique de Charlie et auteur de la Une controversée avec Mahomet ("Tout est pardonné") après l'attentat, Luz a indiqué qu'il jetterait l'éponge en septembre.

"Et ce n'est probablement pas le seul départ qui va s'annoncer", avance Zineb El Rhazoui, sans vouloir en dire plus.

Procédure de licenciement

Elle-même était en vacances au Maroc le jour de la fusillade. Elle est depuis l'objet de multiples menaces sur les réseaux sociaux et vit sous protection policière permanente.

A la mi-mai, elle a reçu une convocation pour un entretien préalable à un licenciement, dont le motif n'a alors pas été dévoilé mais lié, semble-t-il, à des absences répétées. Puis sa hiérarchie a arrêté la procédure.

"Ce comportement de la part de la direction, je ne le comprends pas plus que vous. On me remet une lettre sans discussion préalable, ce qui est quand même grave pour Charlie, un journal où on a l'habitude de s'engueuler, de se dire nos quatre vérités en face mais en tout cas de dialoguer", confie la journaliste.

Une nouvelle direction contestée

Cette même direction est aujourd'hui aux prises avec une grande partie de la rédaction organisée au sein d'un collectif pour réclamer une nouvelle gouvernance.

"Il ne faut pas que les événements qui se sont passés qui ont fait du journal un énorme symbole le détournent de son identité première qui est celle d'un journal saltimbanque, libertaire, audacieux et provocateur", souligne Zineb El Rhazoui.

"Les garants de la ligne éditoriale ne peuvent pas être des avocats de l'entreprise ou du personnel administratif recruté après les attentats et qui essaie de faire les choses de façon bureaucratique", ajoute-t-elle.

Zineb ne veut pas de la DRH

L'hebdomadaire est actuellement détenu à 40% par les parents de son ex-directeur de la rédaction Charb, tué le 7 janvier, à 40% par le dessinateur Riss, nouveau directeur de la publication, blessé à l'épaule lors de l'attaque, et à 20% par le directeur financier Éric Portheault.

"Charlie a par exemple recruté une directrice des ressources humaines après les attentats (...). Pour une équipe de même pas 30 personnes ! Ça ne s'est jamais vu à Charlie", tonne la journaliste.

Pour elle, chroniqueurs et dessinateurs doivent redevenir maîtres de la ligne éditoriale de Charlie, lequel devra tourner la page des prestigieux disparus tout en restant fidèle à leurs valeurs.

Une nouvelle formule

"C'est pas possible de continuer ce qui se faisait avant. On ne peut pas remplir les espaces qui étaient tenus par ceux qui sont morts. Il faudra forcément réinventer le journal", dit-elle, en insistant sur le besoin de recruter de nouveaux talents.

Charlie est obligé de continuer sans Cabu, sans Wolinski, sans Charb, sans Tignous (...) mais il faut du sang neuf.

Zineb El Rhazoui

"Charlie a pu continuer sans Cavanna, sans Choron, sans d'autres auparavant et aujourd'hui, Charlie est ob