Canal+ est-elle sauvée ? Quelque 48 heures après l'attribution des droits de la Ligue 1 et Ligue 2 en football pour la période 2016-2020, la question est sur toutes les lèvres, car il en va de la survie d'une des plus grandes chaînes de télévision française. Pour Fabienne Schmitt des Échos, c'est une réussite. D'autant qu'en face, Canal+ devait affronter le chéquier de Bein Sports et de ses propriétaires qataris. "Canal+ est le grand gagnant d'abord parce qu'il a les meilleures affiches de la Ligue 1 et ensuite parce qu'il paie un prix relativement peu élevé par rapport à ce à quoi on aurait pu s'attendre", analyse la journaliste. En effet, le groupe a remporté la mise face à Bein Sports pour la somme de 550 millions d'euros. Et si les experts estiment que c'est un soulagement, Daniel Psenny, du Monde avoue une certaine déception. "On est quand même face au carnet de chèques des qataris, très fourni", observe-t-il. "On pensait que les enchères allaient monter très haut, au final il n'y a que 100 millions d'euros par rapport à l'autre contrat [Ligue 2, ndlr]."
Et de rappeler qu'au départ, les paris voulaient que les droits de la Ligue 1 s'envolent pour pas moins de 750 millions d'euros. Des chiffres avoisinant ceux des championnats espagnols et italiens, mais bien loin du milliard d'euros des Anglais.
Pour autant, l'obtention de ces droits suffira-t-il à assurer un brillant avenir pérenne à la chaîne cryptée ? "Jusqu'en 2020 oui, mais une transition est en train de se faire", indique Daniel Psenny, "l'arrivée de Netflix comme grand concurrent au niveau de la VOD va changer la donne". Cependant, la "manne financière" de la maison mère Vivendi devrait permettre de maintenir le groupe à flot. "Imaginons que Canal ait perdu les droits, vis-à-vis des abonnés, le message immédiat aurait été très négatif", souligne Joël Wirzstel, directeur de la publication de Satellifax.
Sans parler de pression, les trois experts s'accordent à dire que l'enjeu politique en amont de cette attribution de droits était bel et bien présent. Pour Daniel Psenny, "il était impossible que le gouvernement laisse Canal+ péricliter, le foot étant un pilier du financement du groupe, avec le cinéma". Fabienne Schmitt, de son côté, évoque aussi un certain chemin choisi par les qataris. "Ils sont dans une stratégie d'influence en France, auprès du gouvernement, et eux n'ont plus n'ont pas intérêt à tuer Canal+", analyse-t-elle. "Canal, c'est le premier pourvoyeur de fonds du cinéma français, on a en plus un gouvernement de gauche, très attentif à la culture". Pas de pressions politiques donc, mais des considérations.
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