Philippe Torreton incarne Cyrano de Bergerac au théâtre de la Porte Saint-Martin

Philippe Torreton n'en finit pas de triompher avec son Cyrano de Bergerac. Au théâtre public comme au théâtre privé, en tournée comme à Paris, il est ovationné tous les soirs par une salle comble. C'est le cas en ce moment au Théâtre de la Porte Saint-Martin à Paris. Un engouement qui s'explique par plusieurs facteurs. Qu'on aime ou non Philippe Torreton, il faut reconnaître qu'il est un immense acteur. Et la mise en scène moderne (l'action se passe dans un hôpital psychiatrique) séduit le public.

Sur scène, Philippe Torreton possède un corps, une présence, un phrasé impeccable qui permet aux spectateurs de comprendre le moindre murmure, du premier au dernier rang. Il est une bête de scène. Tantôt bouffon, tantôt émotif, voyou chevaleresque et amoureux fragile, l'acteur passe de la rage à la douceur avec une aisance déconcertante. Il vous fait rire et pleurer quand il faut.

Une mise en scène moderne

C'est le pari audacieux de Dominique Pitoiset, le metteur en scène : jouer Cyrano de Bergerac dans un hôpital psychiatrique. Cyrano est fou. Non seulement fou d'amour pour Roxane mais aussi un fou dérangeant pour ses contemporains. Dans cette pièce, il n'y a pas de décor grandiose, encore moins des costumes à collerette et des chapeaux à plume. Les meubles sont fonctionnels : lits à roulettes, tables en formica. 

Les acteurs sont en marcel, en survêtement et en basket. Tout est laid comme pour appuyer la laideur de Cyrano. Dominique Pitoiset a du culot et le culot paye. Chaque objet sur scène sert judicieusement la chorégraphie, notamment la scène où Cyrano improvise ses messages pour Christian, qui communique par Skype avec Roxane.

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Quant au reste de la troupe justement, ils servent le héros. Julie Anne Roth est une Roxane toute sensible. Patrice Costa un Christian aussi beau que peu doué pour la parole. Ils sont 13 au total sur scène, et jouent cette magnifique partition où la poésie, le burlesque, l'action, le panache et l'émotion sont au rendez-vous. Une partition qu'on n'oublie pas.