Paul Veyne raconte la destruction de Palmyre par Daesh

Dans son dernier livre, Palmyre l'irremplaçable trésor, l'historien Paul Veyne esquisse un portrait de ce que fut la splendeur de la cité antique de Palmyre en Syrie, avant les saccages irrémédiables perpétrés par les djihadistes. Il faut préciser que Paul Veyne est l'un des plus grands historiens de l'antiquité grecque et romaine, professeur honoraire au Collège de France.

À 85 ans, Paul Veyne écrit : "Avec la destruction de Palmyre par l'organisation Daesh, tout un pan de notre culture et mon sujet d'étude viennent brutalement de voler en éclats... Malgré mon âge avancé c'était mon devoir d'ancien professeur et d'être humain de dire ma stupéfaction devant ce saccage incompréhensible et d'esquisser un portrait de ce que fut la splendeur de Palmyre."

Tout un pan de notre culture et mon sujet d'étude viennent brutalement de voler en éclats.

Paul Veyne

Qu'il s'agisse de nos semblables ou d'un patrimoine commun, l'objectif des islamistes est toujours le même, détruire ce qui fait notre humanité, la diversité, l'acceptation de l'autre, la beauté, tout ce qu'il y a de meilleur dans l'homme. Et si une cité en a bien été le symbole, c'est Palmyre !

Zénobie, la reine de Palmyre

Palmyre, aujourd'hui en Syrie à 200 km au nord-est de Damas, autrefois à l'extrémité orientale de l'empire romain, Palmyre, la cité multiséculaire qui ne ressemblait à aucune autre, nous rappelle Paul Veyne. Là comme nulle part ailleurs, les peuples, les cultures, les dieux de l'Antiquité s'y mêlaient, on y parlait le grec, le latin, l'arabe et l'araméen, la langue du Christ. C'était un carrefour de civilisations et d'échanges sur la route entre l'Occident et l'Orient le plus lointain, au-delà de la Perse, jusqu'en Inde voire en Chine.

D'où la prospérité de Palmyre et d'où ce patrimoine exceptionnel venu jusqu'à nous, ses temples quasi intacts, ses arches, ses longues colonnades, qui faisaient de Palmyre le plus grand et le plus beau site antique avec Pompéi et Éphèse en Turquie... Un trésor aujourd'hui irrémédiablement saccagé par les djihadistes qui ne choisissent jamais leurs cibles au hasard car Palmyre, c'est aussi la cité d'une femme libre et toute puissante, la reine Zénobie. Paul Veyne nous raconte son histoire.

Ne vouloir connaître qu'une seule culture, la sienne, c'est se condamner à vivre sous un éteignoir.

Paul Veyne

Dédié à l'archéologue Khaled al-Assaad, décapité par Daesh

Sous son règne, Palmyre va connaitre son apogée, Zénobie va conquérir l'Égypte et marcher sur Rome, seul l'empereur Aurélien parviendra à l'arrêter. Paul Veyne conclut son précieux petit livre, écrit dans l'urgence, la colère et la douleur, par ces mots : "Ne vouloir connaître qu'une seule culture, la sienne, c'est se condamner à vivre sous un éteignoir.", celui-là même que Daesh tente d'imposer par la terreur. Et j'ajoute que l'historien dédie son livre à l'archéologue syrien Khaled al-Assaad, directeur des Antiquités de Palmyre pendant 40 ans, décapité en public par les djihadistes à l'âge de 82 ans, en août 2015. Lire Palmyre, l'irremplaçable trésor, publié chez Albin Michel, c'est aussi lui rendre hommage.

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

Je créé mon compte Se connecter

S’abonner à la Newsletter RTL Info